La photographie est prise de loin, mais elle est explicite. Et le témoignage du riverain qui l’a prise l’est tout autant : « En sortant de chez moi, vendredi à 14h15, j’ai constaté, à ma très grande surprise, qu’il y avait une prière de rue, avec des pratiquants à genoux sur des cartons… » Rue de Limare. Petite perpendiculaire à la rue des Carmes.
Au sein de l’association de musulmans, on ne contestait pas les faits, quelques heures plus tard. Au contraire. L’un de ses responsables confirmait avoir été mis au courant, et être intervenu aussitôt.
Trop exiguë pour 200 à 250 fidèles
« J’ai vu ces personnes, relate-t-il. Je leur ai dit que c’était interdit, comme on le répète à chaque fois qu’il n’y a plus de place… On recommande alors de faire demi-tour, de revenir à la prochaine prière… » « On est très à cheval là-dessus, prolonge-t-il. En aucun cas, on n’autorise la prière dans la rue. C’est strictement interdit ! »
Régulièrement, assure-t-il, des messages sont diffusés. « Mais il y a des gens qui ne facilitent pas les choses… » Un voisin de longue date étaye toutefois le caractère exceptionnel de la situation, vendredi. « Jamais encore je n’ai vu prier dans la rue, certifie-t-il. Ils devaient être très nombreux ! »
« C’est ce que les responsables de l’association m’ont affirmé quand je les ai vus lundi matin, témoigne Olivier Geffroy, maire-adjoint à la sécurité. Pour eux, c’est un phénomène ponctuel. Mais à l’approche d’une grande fête (le ramadan débute le 15 mai), je les ai sensibilisés au fait que cela ne peut pas perdurer. Qu’il y a suffisamment de lieux de culte à Orléans et dans la Métropole pour que chacun trouve son compte. »
« Rien ne justifie l’occupation de l’espace public »
Reste que la mosquée des Carmes (sous convention avec l’Algérie) est trop exiguë pour accueillir les « 200 à 250 fidèles » qui peuvent la fréquenter. Notamment le vendredi. Si des enceintes ont d’ailleurs été placées dans le couloir qui mène à la rue de Limare, ce n’est pas par hasard, mais pour que les fidèles qui ne trouvent pas de place puissent prier là. L’association, qui se prévaut de l’accord des copropriétaires, ne cache pas son envie d’agrandissement, ou de déménagement. « Mais en centre-ville. »
Olivier Geffroy refuse en tout cas tout amalgame. « Les deux sujets sont différents », appuie-t-il. À savoir que le manque de place « ne justifie en rien l’occupation de l’espace public. » Vendredi, il est prévu que la police municipale vienne s’en assurer.
Pascal Bourgeais