Deux abattoirs clandestins de moutons découverts à Sénas et Mouriès
Quelque 300 moutons avaient déjà été saisis dans les Bouches- du-Rhône, avant le début de la fête musulmane de l’Aïd el-Kébir
C’est bien avant tout une affaire de « business ». En vendant directement ses bêtes aux familles musulmanes, et en leur permettant de les abattre dans sa ferme pour l’Aïd El Kebir, cet éleveur ovin de Sénas aurait pu empocher près de 40 000 €. Certains bergers réaliseraient de cette façon en un week-end jusqu’à 80 % de leur chiffre d’affaires annuel.
Selon nos informations, le berger de Sénas, déjà épinglé l’année dernière pour vente et abattage illégaux, était resté dans le collimateur des services de l’État : vendredi matin, une opération de contrôle des gendarmes de Mallemort et des services vétérinaires de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), a permis de le prendre à nouveau sur le fait. 150 moutons vivants, déjà vendus 250 € pièce, ont été saisis sur décision de l’autorité judiciaire et confiées aux bons soins de la Fondation Brigitte Bardot. Onze carcasses de moutons déjà abattus « au mépris de toutes les règles sanitaires et environnementales » ont aussi été détruites par les services vétérinaires. L’enquête se poursuit et l’éleveur devrait être entendu prochainement.
Une opération semblable s’est le même jour déroulée dans une exploitation de Mouriès, où 120 moutons et 2 chevreaux ont été saisis. « À chaque fois, explique Christophe Marie, porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot, présent dans les Bouches-du-Rhône ce week-end, nous récupérons les animaux et les gardons en quarantaine six mois, selon la législation. »L’association finance ensuite leur hébergement, le restant de leur vie (« Nous avons des vaches âgées de 20 ans ») dans des pensions en Normandie.
La Fondation Brigitte Bardot a ainsi déjà mis à l’abri quelque 4 000 animaux de ferme : « Cela nous coûte une fortune », reconnaît Christophe Marie.
Onze sites légaux dans les Bouches-du-Rhône
Selon lui, le phénomène des abattoirs clandestins aurait tendance à reculer en région parisienne, mais demeure « fort dans les Bouches-du-Rhône ».
Interrogé l’an dernier par nos confrères de La Croix, l’imam Boubekeur Bekri, vice-président du conseil régional du culte musulman de la région Paca et recteur de la mosquée de Nice, tendrait à lui donner raison : il estimait alors que « sur 10 000 bêtes abattues lors de l’Aïd dans la région, 1 000 seulement l’auraient été via un abattoir agréé ».
La proximité des lieux d’abattage, mais aussi la volonté de pratiquer ce sacrifice le jour précis de l’Aïd, semblent toujours peser dans les pratiques familiales.
Cette année, onze sites autorisés, d’une capacité d’abattage de 10 670 bêtes, ont été répartis sur l’ensemble du département par les services de l’État, en concertation avec la communauté musulmane. Tout abattage réalisé ailleurs est donc illégal et peut entraîner des poursuites judiciaires ; ce délit peut être puni d’une peine de prison et de 15 000€ d’amende.
Delphine Tanguy avec Simon Jousset