Elle s’est approchée de la barre d’un pas lent. Effondrée. Les yeux noyés par le chagrin. « Il a tué mon fils… Je ne lui pardonnerai jamais. Aujourd’hui, j’ai un cancer. C’est à cause de ça. » À cause de ce 19 novembre 2009. La vie de Lenny s’est brisée contre la porte du garage de la station-service Elf, près de la patinoire.
Il était le passager d’une R 19 conduite par Yanis Papagiorgiou, aujourd’hui âgé de 30 ans. Celui-ci avait emprunté la rue Jeanne-d’Arc à contre-sens. Il avait été repéré par une voiture de la police municipale.
Une course-poursuite s’engage. Yanis Papagiorgiou n’est pas perturbé par les sens interdits des places Sainte-Croix et de l’Étape. Il file rue de la Bretonnerie poursuivi par les agents ; il refuse d’obtempérer, il accélère. 117 km/h sur le boulevard Rocheplatte. « C’est la panique. J’avais l’intention de m’arrêter », assure-t-il. « À 117 km/h ? Vous auriez pu vous arrêter avant », reprend la présidente. « C’est la panique. J’allais m’arrêter juste après, à la station mais j’ai perdu le contrôle de la voiture. Je ne pouvais pas m’arrêter sur les boulevards, la voiture de police m’aurait heurté (le policier municipal a été innocenté en janvier dernier). »
« Je m’excuse »
Ce soir de novembre 2009, Yanis Papagiorgiou roule sans permis de conduire au volant d’une voiture non assurée. Des faits aggravants pour cet homme dont le casier judiciaire ne cesse de se noircir : vols avec dégradations, conduite sans permis, port d’armes. « C’est un individu qui a démontré son incapacité à se prendre en charge », constate la procureure. Le contrôle judiciaire ne l’a pas freiné. Celui qui souffre de problèmes psychiques a poursuivi, ces derniers mois, la conduite sans permis. « Vous m’inquiétez », assure la présidente.
Yanis Papagiorgiou a reconnu sa « responsabilité ». Du bout des lèvres, seulement. « Je m’excuse auprès de la famille. » Il a été condamné à trois ans d’emprisonnement dont un an avec sursis, un an de mise à l’épreuve ainsi qu’une interdiction de passer tout permis pendant trois ans.
Nicolas Da Cunha
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