Deux ans ferme pour le chauffard de Raymond Naves
Il s’est levé vers 12 heures, et a croisé un ami à lui sur une moto. «Je lui ai demandé me prêter son deux-roues. C’était la première fois que j’en conduisais un. J’ai roulé à vive allure, avant de constater que les freins ne marchaient plus. Je me suis retrouvé face au grand portail de l’établissement. Soit je me prenais ce mur de ferraille et j’y laissais la vie, soit je tentais de passer par le portillon, avec l’idée de stopper ma course dans la cour», témoigne timidement Karim. Il a choisi la deuxième option. Dans sa course, le prévenu percute une poubelle en béton, avant que son véhicule ne s’envole, puis s’écrase sur les deux victimes.
«Mesurez-vous la portée de votre geste ? L’acte se situe quelques mois après les attentats de Nice. Tout le monde a cru à un attentat terroriste», insistent tour à tour les quatre avocats des parties civiles.
Dans le box des prévenus, polo blanc sur les épaules, Karim, 21 ans, paraît jeune et immature. Son niveau d’élocution ne fera qu’entretenir cet étrange sentiment.
Pourtant, c’est bien lui qui a endossé le rôle de chauffard, le 4 octobre 2016, lorsque vers 13 heures, il s’est introduit dans la cour de récréation du lycée Raymond Naves, situé au 139 Route d’Albi, au volant d’un moto-cross de marque Kawasaki, avant de heurter grièvement deux lycéennes. Une d’entre elle est atteinte d’une grave surdité depuis les faits, l’autre, touchée à l’arcade sourcilière a été choquée plusieurs semaines… «À cause de son inconscience, ma cliente est handicapée à vie», avance Me Pierre Dunac.
Peu convaincu par les déclarations du jeune homme, le procureur de la République Francis Boyer hausse le ton. Les yeux dans les yeux avec son interlocuteur, il reprend les témoignages recueillis pendant l’enquête. «Vous n’avez jamais essayé de freiner. Les témoins livrent tous la même version. Les constatations ne montrent aucune trace sur le sol».
La moto fonctionnait bien
Les rapports des experts sont unanimes, le frein arrière fonctionnait parfaitement avant le choc. «Vous souhaitiez simplement faire le mariole, en traversant la cour. Il y a une autre sortie du côté de Borderouge. Vous le saviez», ajoute Francis Boyer, qui requiert 3 ans de prison dont un avec sursis et mise à l’épreuve. «J’étais tétanisé par ce que je venais de faire, je m’en veux. C’est un accident», appuie Karim. Il a pourtant soigneusement dégagé son pied coincé sous la Kawasaki, avant de reposer son engin sur les deux filles, et prendre la fuite en courant. «Nous avons affaire à l’immature du quartier, qui consomme du cannabis chaque soir avant de dormir, et ne mesure pas ses actes. Mon client a 21 ans, laissons-lui l’opportunité de construire sa vie, rembourser ses dettes, en lui imposant un sursis avec une mise à l’épreuve», plaide Me Le Bonjour, pour la défense.
Karim est finalement condamné à 24 mois ferme, plus six mois avec sursis et mise à l’épreuve. Concernant les dommages et intérêts en faveur des parties civiles, la décision est renvoyée devant le civil, car le fonds de garantie n’avait pas eu connaissance de la globalité du dossier.