Deux djihadistes toulousains jugés devant la cour d’assises spéciale de Paris
Arrêtés en décembre 2013, deux Toulousains sont jugés cette semaine à Paris par la cour d’assises spécialement composée. La justice leur reproche une expédition jihadiste en Syrie.
Des photos les armes à la main devant le drapeau de l’État islamique ou de Jabat al-Nosra. Deux garçons qui s’exhibent dans le secteur d’Alep, en Syrie. C’était à l’été 2013. Mounir Diawara et Rodrigue Quenum, deux Toulousains âgés aujourd’hui de 23 et 22 ans, affirment avoir été «forcés» de réaliser ces clichés. C’est ce qu’ils ont expliqué au juge d’instruction.
Cette explication n’a pas convaincu le magistrat antiterroriste. Un juge spécialisé pas davantage inspiré par les soi-disant motivations humanitaires que revendiquent les deux Toulousains. Difficile de croire à des exhibitions forcées, surtout après la découverte des enquêteurs de la police judiciaire : dans l’ordinateur d’un des accusés une photo de Rodrigue Quenum tenant par les cheveux une tête décapitée…
Cette découverte glaçante a eu lieu après leurs arrestations en décembre 2013 lors de la tentative de braquage d’une supérette en banlieue toulousaine. Une équipe de malfaiteurs avait enchaîné six attaques à main armée violentes, plus la dernière tentative avant d’être stoppée. Mounir Diawara et Rodrigue Quenum ont alors été interpellés en flagrant délit. L’ADN de Diawara a également été découvert sur un autre braquage, en mai 2013. En mai 2017, ils ont été condamnés à 13 et 14 ans de prison mais ont interjeté appel de ce verdict.
Mounir Diawara s’est-il servi du butin pour gagner la Syrie ? Le juge le soupçonne mais lui affirme le contraire. Il nie également avoir voulu repartir vers les terres du jihad malgré des écoutes peu favorables fin 2013. Ces enregistrements laisseraient en effet peu de place au doute sur la volonté de Diawara de retourner se battre en Syrie aux côtés de «ses frères». Avec Quenum ? Les deux garçons, qui revendiquent leur amitié, seraient inséparables.
Et s’ils ont beaucoup cherché à «minimiser» leur engagement jihadiste lors de l’instruction, les rapports de l’administration appuient sur leur attachement à un islam extrêmement radical. Dans ce «groupe de Toulouse», ainsi défini par le dossier d’instruction, d’autres candidats au jihad ont déjà été jugés, devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils ont été condamnés à des peines maximums de 10 ans.
Devant la cour d’assises spécialement composée, Mounir Diawara et Rodrigue Quenum risquent jusqu’à 20 années de réclusion criminelle. «Nous sommes en 2013 avec deux gamins de 18 et 19 ans. Le contexte géopolitique n’a rien à voir avec ce que l’on connaît aujourd’hui depuis, argumentent leurs avocats Mes Alexandre Parra-Bruguière et Pierre Dunac. Les attentats contre Charlie Hebdo et le Bataclan n’avaient pas eu lieu. Il ne faut pas l’oublier.»
Le verdict est attendu vendredi.