« Devant les incivilités, on ne cédera pas »
Pas de répit pour les agents de la ville. Chaque jour, c’est la même chose. Dans les entrées d’immeubles, des portes cassées. Dans les cages d’escaliers, des papiers au sol et une odeur d’urine persistante. Sans parler des canapés, des micro-ondes, des sacs poubelles et des couches pleines balancés par la fenêtre sur les pelouses.
Dit comme ça, le tableau est très noir. Si le sujet agace le maire, Alain Claeys se refuse à toutes généralités et stigmatisations: « Il suffit d’une personne ou d’une famille dans un immeuble pour détruire le bien vivre ensemble. Chaque personne a droit à la tranquillité, a droit de vivre dans un environnement agréable ». Il n’empêche, face à l’accumulation des incivilités, le maire a décidé de lancer « une opération de sensibilisation et de nettoyage avec une mobilisation de l’ensemble des services ». D’Ekidom à la Police Municipale en passant par les maisons de quartiers et plusieurs services de la ville. L’action sera coordonnée par Jacqueline Gaubert, l’élue en charge de la ville.
Conséquences humaines
et financières
Plusieurs immeubles ont été ciblés: à Bel Air, aux Trois Cités, à la Blaiserie… « Ces incivilités ont des conséquences humaines et financières », note Daniel Hofnug, président d’Ekidom, le bailleur social. Il a évoqué « le découragement des agents entretiens » qui repassent chaque jour dans les mêmes endroits, et a rappelé que le coût d’enlèvement des encombrants est estimé entre 130.000 et 150.000€ par an. « Vous imaginez le nombre de logements que nous aurions pu entretenir avec cette somme? ».
Derrière ces incivilités à répétition, il y a la question de l’information et de la prévention. Des conciliations au pied des immeubles ont déjà eu lieu. « Lundi dernier aux Trois Cités, un papa a mis en place une réunion avec les enfants pour leur expliquer que ça ne pouvait plus continuer comme ça », se satisfait Alain Claeys qui attend également beaucoup des quatre « chargés de secteur » d’Ekidom qui sillonnent depuis janvier Saint-Cyprien et Clos Gauthier.
La solution est aussi de toucher au porte-monnaie des locataires irrespectueux. En début de semaine, Ekidom a identifié le propriétaire d’un canapé jeté dans la rue. Il recevra un courrier lui indiquant qu’une taxe de 41,90€ sera imputée directement sur son loyer.
Le dialogue n’est pas toujours simple. Le maire ne cache pas quelques « incidents » avec des habitants. « Mais on ne cédera pas ». La ville répare donc la casse. « Si on laisse à l’abandon les immeubles détériorés, on aura perdu la partie. »