Dieppe : la médiation familiale impose sa présence au tribunal
Justice. C’est une obligation. Avant tout recours contentieux dans les affaires familiales, les couplesen rupture doivent tenter un règlement amiable via la médiation familiale. Ce qui permet d’ouvrir le dialogue.
Il a fallu s’adapter et surtout se former, mais au tribunal de Dieppe, la médiation familiale a fait son chemin, aussi bien du côté du juge en charge des affaires familiales que des avocats. « Depuis juin 2016, un courrier est adressé systématiquement aux justiciables qui ont recours au juge des affaires familiales les enjoignant à passer par la médiation familiale »,explique Anne Aublant-Thomas, juge aux affaires familiales à Dieppe depuis septembre 2015. Un décret de mars 2015 portant sur la résolution amiable des conflits incite en effet, les justiciables, avocats, magistrats, greffiers, huissiers de justice et conciliateurs de justice à y recourir.
Acteursde leur procès
À Dieppe, ces rendez-vous d’information obligatoire auprès d’un médiateur ont ainsi été multipliés par deux depuis que cette mention est faite. Et concrètement, en un an, 10 % des couples concernés par des procédures de divorce s’engagent au-delà de ce premier entretien dans une vraie démarche de médiation familiale. « La médiation permet d’expliquer aux justiciables qu’ils ont tout intérêt à parvenir à un accord amiable. Y participer permet réellement d’apaiser les tensions, de mieux faire comprendre les décisions prises. Les couples concernés deviennent acteurs de leur procès, trouvent eux-mêmes une solution librement choisie, ce qui la rend, ensuite plus facilement applicable. La situation des couples en cours de divorce est cruelle, ils se battent souvent pour la garde des enfants. Les personnes arrivent stressées aux audiences ! Or la médiation permet vraiment de pacifier les relations pour permettre notamment aux enfants de grandir dans un climat plus serein », poursuit Anne Aublant-Thomas. La juge des affaires familiales précise : « Le but n’est pas de remettre les couples ensemble mais de restaurer, entre les parties, un dialogue pour permettre un exercice serein de l’autorité parentale ».
Les avocats du barreau de Dieppe ont répondu favorablement au développement de la médiation « obligatoire » d’autant plus que dans les affaires familiales ils étaient déjà naturellement engagés dans un rôle de médiateur. « La médiation est un mode alternatif de règlement des différends, qu’ils soient familiaux mais aussi, dorénavant, dans toute affaire de justice civile, prud’homale et commerciale. C’est une pratique qui s’étend à tous types de contentieux » explique Me Sandrine Dorange, bâtonnier du barreau de Dieppe. À tel point que le CJA, le Centre de justice amiable, participe actuellement à la formation d’une quinzaine de médiateurs locaux : des avocats, des conseillers prud’homaux, des clercs d’avocats sont engagés dans un diplôme universitaire à valider en deux ans. « C’est une vraie formation complète de plus de 100 heures de cours par an avec un mémoire de 50 pages à rendre à la fin de l’année. Nous suivons des modules de cours tous les mois à Dieppe, le vendredi et le samedi » précise Me Sylvie Amisse-Duval.
« Quel que soit le conflit, la justice devient plus simple et plus rapide par la médiation » conclut Anne Aublant-Thomas.
Ouvrir le dialogue apaise les tensions
DES RELAIS LOCAUX
la coparentalité.
Mireille LOUBET |