Dieselgate : Peugeot menacé d’une amende de 5 milliards d’euros
Le constructeur français PSA aurait délibérément fraudé les contrôles antipollution pour près de deux millions de ses modèles. Le scandale du dieselgate continue.
Après Volkswagen, Fiat et Renault, est-ce au tour de Peugeot d’entrer dans le scandale du dieselgate ? C’est en tout cas ce qu’annonce «Le Monde» dans son édition du jour. Le groupe PSA aurait mis en place une «stratégie frauduleuse» pour que ses moteurs diesels soient homologués lors des tests antipollution. L’accusation vient de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui a mené l’enquête sur les années 2013, 2014 et 2015. L’objectif pour le constructeur français étant de faire en sorte que ses moteurs diesels émettent moins d’oxyde d’azote (NOx) lors des tests.
Selon le journal, «les moteurs étaient paramétrés selon deux modes de fonctionnement : un mode LowNox qui abaisse les NOx mais augmente la consommation et réduit la reprise du véhicule, et un mode LowCO2 qui réduit la consommation, favorise la reprise mais augmente de manière significative les NOx».
Les véhicules «étaient équipés d’un calculateur de contrôle moteur qui permettait d’activer exclusivement le mode LowNox pendant le test d’homologation» et majoritairement le mode LowCO2 en condition de vie client».
Si les accusations sont confirmées, la facture pourrait être très salée pour PSA. Alors que 898 000 voitures étaient concernées pour Renault, et 946 000 pour VW, ce serait cette fois plus de 1,9 million de véhicules. Neuf modèles ont été testés et se retrouvent pris en défaut, dont les Peugeot 208, 807, 5008 et les Citroën C3 et C5. En tablant sur une amende correspondant à 10 % du chiffre d’affaires moyen des trois années concernées, PSA pourrait se voir taxée à hauteur de 5 milliards d’euros.
PSA dément «toute stratégie frauduleuse»
De son côté, le constructeur a publié un communiqué dans la journée d’hier, où il «dément toute stratégie frauduleuse et réaffirme avec force la pertinence de ses choix technologiques». PSA «n’a pas été contacté par la justice» et «s’indigne de la transmission d’informations à des tiers sans qu’il ait eu de son côté accès au dossier transmis par la DGCCRF au parquet, ce qui lui interdit jusqu’à présent de faire valoir ses arguments». Des dénégations qui n’ont pas empêché l’action Peugeot de chuter de 4,3 % hier à la Bourse de Paris.
D’après les documents saisis lors des perquisitions et les différentes auditions, les enquêteurs ont acquis la conviction que la direction du groupe était au courant, évoquant «une stratégie globale visant à fabriquer des moteurs frauduleux, puis à les commercialiser». Si PSA est cité comme personne morale, les trois anciens dirigeants sont particulièrement épinglés : «MM. Folz, Streiff, et Varin sont des dirigeants avertis, ils ne sauraient donc exciper de leur bonne foi sur le caractère frauduleux de la stratégie (…)».
Ces révélations interviennent à trois jours de l’ouverture aux médias du Salon automobile de Francfort (Allemagne), grand rendez-vous de la rentrée du secteur automobile mondial.
L’édition précédente, en septembre 2015, avait été marquée par le début du scandale de moteurs diesel truqués chez Volkswagen.
Renault : la BEI s’inquiète
La Banque européenne d’investissement a sollicité la justice française au sujet de l’autre constructeur français, Renault.
Objectif ? Vérifier que la marque au losange n’a pas utilisé des fonds prêtés par la BEI pour développer les systèmes permettant de contourner les normes antipollution. Et il ne s’agit pas de petits montants. Plus de 800 millions d’euros seraient concernés au total. «La BEI applique une politique de tolérance zéro envers la fraude et la corruption» assurent ses responsables. L’Office européen de lutte anti-fraude (Olaf), qui enquête déjà sur VW, pourrait aussi se pencher sur Renault.