Disparition d’Amandine : la confrontation entre les deux mères n’a pas eu lieu
La mère de Guerric Jehanno, mis en examen pour la disparition d’Amandine Estrabaud il y a 4 ans à Roquecourbe, ne s’est pas présentée hier à la confrontation prévue avec la mère d’Amandine. L’avocat du mis en examen exige en effet d’y être présent.
Très attendue par la famille d’Amandine Estrabaud, la jeune femme disparue il y a 4 ans et demi maintenant à Roquecourbe, la confrontation prévue hier chez les juges d’instruction toulousains chargés de l’affaire n’a pu avoir lieu. La mère de Guerric Jehanno, l’unique et principal suspect, mis en examen pour «enlèvement, séquestration, viol et meurtre» depuis avril 2016 ne s’est pas présentée à la convocation délivrée par les juges où elle devait être confrontée à Monique Sire, la mère de la victime.
C’est l’avocat de Guerric Jehanno, Maître Simon Cohen, qui a expliqué hier le pourquoi de cette absence : «La mère d’Amandine Estrabaud, partie civile, peut être assistée par son avocat et c’est normal. En revanche, la mère du mis en examen n’est que témoin et allait ainsi se retrouver (sans avocat. NDLR) dans une situation contraire au principe de l’égalité des armes. C’est pourquoi j’ai enregistré une demande officielle par laquelle je sollicite l’audition de la mère de Guerric Jehanno en qualité de témoin mais en présence de l’avocat du mis en examen. Voilà le pourquoi de cette péripétie procédurale.»
Mais du côté des parties civiles, Maître Pierre Debuisson qui assiste la mère et le père d’Amandine Estrabaud, ce rendez-vous manqué est plutôt une forme d’aveu : «La mère de Guerric a peur d’être confrontée à ma cliente. Elle ne veut pas redire devant les juges ce qu’elle a dit à ma cliente avant l’arrestation de son fils. Elle lui avait confié qu’elle était affolée par le comportement de son fils Guerric qui n’arrêtait pas de lui dire qu’il n’était pas un assassin, qu’il était dépressif, qu’il parlait de traces de sang avant de baisser la tête quand elle l’interrogeait. Mais depuis l’incarcération, elle a changé de version. Je sais que ce sont deux mères que l’on va mettre face à face. Mais il faut maintenant que la mère de Guerric Jehanno nous dise la vérité devant les juges. Et qu’elle ne fasse pas obstacle à la manifestation de la vérité. Dans tous les cas, si elle ne vient pas d’elle même à cette confrontation, elle devra y être conduite par les forces de l’ordre. Car elle joue un rôle clef dans l’attitude de son fils qui a peur qu’elle l’abandonne.»
Monique Sire, accompagnée du père d’Amandine, était pourtant présente hier matin au Palais de justice à Toulouse et attendait beaucoup de sa confrontation avec la mère de Guerric : «J’attends des explications sur toutes ces choses qu’elle m’a dites il y a quelque temps et qu’elle remet en cause maintenant. Mais ce n’est que partie remise. Elle ne pourra pas se dérober. A sa place, si c’était mon fils,je lui dirais qu’il faut qu’il parle, qu’il dise la vérité sur ce qu’il a fait d’Amandine. Mais qu’elle lui dise aussi qu’il restera son enfant car je pense que Guerric Jehanno a peur que sa mère et les siens le rejettent s’il avoue ce qu’il a fait.»
L’ajournement de cette confrontation arrive à un moment où le dossier d’instruction s’accélère aussi d’autre part avec notamment les déclarations de deux codétenus du mis en examen qui auraient recueilli de nouveaux aveux de Guerric Jehanno en prison. Ce qui porte à quatre le nombre de codétenus ayant dit que le mis en examen leur avait fait des confidences circonstanciées sur sa rencontre, le viol et le meurtre d’Amandine.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse a d’ailleurs hier matin une nouvelle fois rejeté la demande de remise en liberté de Guerric Jehanno examinée mardi.
D’ailleurs, de nouvelles recherches et investigations sont prévues, en attendant que la confrontation manquée soit à nouveau programmée.