L’avocate de certaines familles de victimes, Maître Jehanne Collard, a indiqué qu’un rapport de la SNCF rendu avant-hier indique que le passage à niveau de Millas « fonctionnait parfaitement ». « On peut certes imaginer que la SNCF truque ses rapports, mais j’ai du mal à la croire », a poursuivi l’avocate. La conductrice du bus, mise en examen, assure que les barrières étaient levées quand elle est passée sur le chemin de fer.
« Tout fonctionnait parfaitement » au passage à niveau de Millas (Pyrénées-Orientales) où la collision entre un car scolaire et un train a fait six morts et plusieurs blessés le 14 décembre, a affirmé ce samedi Maître Jehanne Collard, avocate de certaines familles de victimes, en citant un rapport interne de la SNCF.
« La SNCF est obligée de faire un rapport quand il y a un accident, et ce rapport, rendu avant-hier, dit que tout fonctionnait parfaitement », a précisé Me Collard.
« Le rapport de la SNCF dit : ‘les barrières étaient baissées, elles fonctionnaient, le feu fonctionnait, le signal sonore fonctionnait’ », a souligné l’avocate, rappelant que « la SNCF est obligée de faire un rapport quand il y a un accident ».
L’avocate déplore que l’audit interne ne soit pas rendu public
Me Collard déplore que « cet audit interne » rendu avant-hier, qui a été réalisé par des agents de la compagnie ferroviaire, ne soit pas rendu public « comme c’est généralement la règle ».
« On peut certes imaginer que la SNCF truque ses rapports, mais j’ai du mal à la croire », a poursuivi l’avocate. « La SNCF sait qu’il va y avoir une expertise judiciaire, ce serait une énorme erreur de leur part. » Le Parquet n’a pour l’instant confirmé ni la teneur de ce rapport de la SNCF, ni le fait qu’il ait effectivement été joint au dossier judiciaire.
« La direction des audits de sécurité de SNCF a produit un rapport de constatation qui a été adressé au procureur de la République et au BEA-TT (le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre, ndlr), seuls chargés de l’enquête », a de son côté indiqué le groupe public.
« SNCF ne s’est jamais exprimé sur le fonctionnement du passage à niveau de Millas au moment du tragique accident », a-t-il précisé dans un bref communiqué, ajoutant que « cette question relève uniquement de l’instruction judiciaire à laquelle SNCF collabore pleinement ».
Le TER avait neuf minutes de retard
La conductrice du car scolaire, mise en examen le 20 décembre pour « homicides et blessures involontaires par imprudence » et placée sous contrôle judiciaire, avec notamment l’interdiction de conduire, a toujours assuré avoir vu les barrières du passage à niveau levées, le 14 décembre. Elle avait de même affirmé que le feu rouge du passage à niveau et la sonnerie d’alarme ne fonctionnaient pas au moment où elle est passée.
Sa version contredit les premières « constatations matérielles » dont avait fait état le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux, qui allaient « plutôt dans le sens d’une barrière fermée », tout comme les témoignages du conducteur du TER et des chauffeurs des véhicules qui se trouvaient de l’autre côté de la voie. De son côté la SNCF avait déjà affirmé, avant cet audit interne, que le passage à niveau N.25 « fonctionnait normalement » au moment de l’accident.
Sur la chaîne d’information en continu BFM TV, Jehanne Collard a également précisé samedi que le TER avait neuf minutes de retard au moment de la collision : « La conductrice a peut-être été surprise de voir la barrière fermée, ce qui peut peut-être expliquer l’accident », a-t-elle ajouté.