Le Conseil d’État a ordonné, le 25 octobre 2017, à la ville de Ploërmel de démonter la croix qui surmonte l’arche au-dessus de la statue du pape polonais. Un conflit qui a commencé en 2006. Une manifestation est prévue dimanche dans la ville pour protester contre cet avis.
La décision du Conseil d’État demandant de démonter la croix surplombant la statue de Jean-Paul II a ému bien au-delà des chrétiens.
Sur les réseaux sociaux, des dizaines de milliers de personnes, croyantes ou non, ont manifesté leur incompréhension. Plus de 91 000 personnes ont déjà signé une pétition sur le site Citizengo. Et, aujourd’hui, à Ploërmel une manifestation est prévue. Elle ne rassemblera pas tous les opposants car beaucoup ne veulent pas manifester avec des partis radicaux ou extrémistes.
Pour autant, c’est plus qu’une simple crispation identitaire. Cette affaire révèle la profonde inquiétude de la France éloignée de Paris, laborieuse et silencieuse. Elle a l’impression que feuille à feuille on lui retire son cadre culturel, souvent inconscient, mais qui jusqu’à présent reliait le passé à l’avenir. L’ébranlement causé par la déchristianisation des noms des communes au prétexte du regroupement communal, n’a pas fini de faire sentir ses effets.
L’incompréhension populaire est d’autant plus grande que tout cela se passe au moment où l’islam affirme de plus en plus sa visibilité. La perte des repères culturels traditionnels ne peut donc qu’ajouter aux tensions « Je déplore ce qui risque d’accroître la tendance à rendre toujours moins visible les signes chrétiens dans une société qui souffre déjà d’un manque de repères, a déclaré l’évêque de Vannes. Parmi ces repères, ceux qui viennent de l’Histoire sont particulièrement importants parce qu’ils ont contribué à façonner notre unité dans le respect d’une diversité légitime et féconde. S’en prendre au Christ et à la Croix, c’est s’en prendre au fondement de cette laïcité équilibrée qui permet à chacun de donner le meilleur de lui-même pour la construction d’une société apaisée ».
Certes, le Conseil d’État dit la lettre de la loi. Cependant, celle de 1905 contient une exception artistique qui aurait pu être prise en compte. Or, on veut bien garder la statue mais supprimer la croix. Autrement dit, décider au nom de la loi sur la laïcité ce qui fait partie de l’œuvre et ce qui n’en fait pas partie !
Rappelons que les trois parties du monument sont arrivées ensemble à Ploërmel : la statue, l’arche et la croix. Elles ont été montées par la même équipe russe du donateur de l’œuvre (1). Tout cela tend à montrer que le sculpteur a pensé son œuvre comme un tout, incluant la croix.
Il est temps de s’unir pour promouvoir une laïcité empreinte de respect : respect des uns pour les autres, respect du patient ouvrage des siècles passés. Respect aussi pour Jean-Paul II : n’a-t-il pas joué un rôle fondamental pour que la réunification de l’Europe se fasse dans la paix ? Ce Chef d’État ne pourrait-il plus être représenté en France avec la croix qui est l’un de ses emblèmes ?
Et humainement, ne l’a-t-il pas porté au long de sa maladie, rappelant la dignité inaltérable de chaque personne ? Alors, sortons des étroitesses pour ouvrir les yeux sur les trésors de paix et de concorde qui, même s’ils viennent du passé, peuvent nous aider à construire l’avenir !
(1) Ouest-France 27-11-2006.