On dit toujours qu’on est flic 24 heures sur 24, c’est un peu vrai. Et quand vous êtes au boulot et que ça ne va pas, vous ne pouvez pas rentrer chez vous avec ‘le smile’, happy comme si tout allait bien. Forcément, après, ça se répercute dans votre vie de famille, puis, petit à petit, tout se dégrade et, à un moment, vous lâchez prise et vous commettez l’irréparable. » Ces paroles, Maggy Biskupski les a prononcées au volant de sa voiture, lors de l’émission « 66 minutes », diffusée sur M6 le 14 janvier 2018. Dix mois plus tard, presque jour pour jour, la présidente de l’association Mobilisation des policiers en colère s’est suicidée avec son arme de service à son domicile de Carrières-sous-Poissy (Yvelines).
Comme elle, 32 autres policiers ont retourné leur arme contre eux depuis le début de l’année 2018. Ils sont 31 du côté des gendarmes. Cet outil de travail devenu fatal, certains le portent en permanence depuis les attentats de novembre 2015. Faut-il y voir un lien avec la recrudescence des suicides parmi les forces de l’ordre ? Si la possession d’une arme facilite le passage à l’acte, les syndicats pointent avant tout des conditions de travail dégradées. Mais le lien identitaire, parfois viscéral, entre la fonction et le pistolet pose question au sein de la profession. Comment gérer cet instrument de vie et de mort lorsqu’il s’immisce dans la vie personnelle et familiale, « hors service » ? Franceinfo a mené l’enquête.