Enquête sur deux gardiens de prison de Seysses et Lavaur «fichés S»
Deux surveillants de prison de Seysses et de l’établissement pour mineurs de Lavaur sont fichés S pour radicalisation islamiste. Ils font régulièrement l’objet d’un suivi administratif.
Terreau de la radicalisation religieuse, l’univers carcéral est souvent présenté comme un «incubateur» de la radicalisation islamiste. Mais plus surprenant, l’administration pénitentiaire qui prend depuis peu la mesure du phénomène, abrite en son sein des surveillants de prison «fichés S» pour radicalisation islamiste. Deux surveillants d’une trentaine d’années de la maison d’arrêt de Seysses (Haute-Garonne) et de l’établissement pour mineurs, à Lavaur (Tarn), font l’objet d’un suivi administratif de la part des services spécialisés depuis au moins 3 ans. Les enquêteurs de la sous-direction antiterroriste connaissent bien le profil de ces deux hommes dont l’un se trouve actuellement en repos pour accident de travail. Ils ont fait l’objet, après novembre 2015 et les attentats terroristes, à Paris et au Bataclan, d’une perquisition administrative. Ces deux hommes figurent également sur le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Un fichier évolutif qui regroupe essentiellement les profils radicalisés. Selon nos informations, lors des attaques terroristes de Carcassonne et Trèbes, en mars 2018, les services antiterroristes ont vérifié l’emploi du temps de ces deux surveillants. Au moins l’un d’eux était domicilié dans l’Aude. Ils ont été mis hors de cause. Mais à la suite de ces événements, la direction de la maison d’arrêt de Seysses, où ils travaillaient en équipe, a préféré les changer de service, par simple précaution. Ils ont été éloignés de la maison d’arrêt hommes et du mirador. Depuis le 1er juillet 2018, l’un d’eux a été affecté à Lavaur, dans l’établissement pour mineurs. Cette affaire sensible et pour le moins embarrassante sème un léger malaise au sein de la communauté des surveillants de prison. «Il faut que cette enquête rende au plus vite ses conclusions. Cela dure depuis trop longtemps, estime le syndicaliste des surveillants non-gradés, Nicolas François. Soit, il n’y a rien à leur reprocher et dans ce cas on les laisse en paix, soit il existe des éléments et dans ce cas, l’administration en tire les conséquences. C’est pour le bien de notre profession», insiste-t-il. Ces deux hommes exercent leur métier de surveillant depuis plus de 5 ans. «Il n’y a jamais eu de problème de sécurité avec eux», assure une source pénitentiaire. Ils ont été recrutés avant les attentats de Charlie Hebdo. «À une époque où les suspicions sur ce type de profil étaient beaucoup moins médiatisées». Contactée hier, l’administration pénitentiaire n’a pas donné suite à nos appels. Environ 350 personnes fichées S pour radicalisation islamiste sont recensées en Haute-Garonne.