Essonne : aux Ulis, c’est toujours le commissariat qui trinque
FAIT DU JOUR. Dix jours après la révélation de l’affaire Théo, les manifestations violentes se succèdent. Comme aux Ulis, en Essonne, où le commissariat a été pris pour cible dimanche soir.
La carcasse calcinée d’un utilitaire déborde d’un bon mètre sur la chaussée. Un peu plus loin, les vitres d’une fourgonnette en stationnement ont volé en éclats, l’intérieur noirci par les flammes. En face, à l’arrêt de bus de l’avenue du Berry, artère centrale des Ulis (Essonne), les voyageurs balancent entre étonnement et fatalisme après les violences qui ont touché leur commune dans la nuit de dimanche à lundi.
Dimanche, peu avant minuit. Une trentaine de personnes commencent par caillasser un véhicule de police en patrouille avant de s’attaquer au commissariat. Pierres et bouteilles en verre sont projetées sur le bâtiment, ainsi qu’un cocktail Molotov qui ne s’est pas enflammé.
Trois arrêts de bus détruits
Réfugiés dans le commissariat, les policiers tentent de repousser les assaillants à l’aide de lanceurs de balles de défense et de grenades à main. Après plusieurs assauts, ces dizaines d’individus se replient à l’arrivée de renforts de police. Dans leur fuite, ils détruisent trois arrêts de bus puis incendient les deux véhicules avenue du Berry. Lors de ces affrontements, trois véhicules des forces de l’ordre ont été endommagés.
EN IMAGES. Aux Ulis, après l’attaque du commissariat
«C’est des jeunes du quartier qui ont fait ça, croient savoir trois ados qui attendent leur bus. Ils sont énervés. C’est à cause de l’histoire de Théo à Aulnay…» La violente interpellation de ce jeune à Aulnay-sous-Bois le 2 février serait à l’origine de ces incidents selon eux. Sentiment partagé par une mère de famille du quartier. «Je pense que c’est lié. Le quartier est plutôt calme d’habitude même si on n’échappe pas aux petits trafics habituels. Ces jeunes ont voulu se faire entendre, mais il existe d’autres moyens d’y parvenir. On n’avait plus vu ça depuis l’été 2015.» Référence à l’attaque rangée qu’avait subie le même commissariat, cible de jets de pierres et de cocktails Molotov lancés par des jeunes issus de quartiers des Ulis. Le bâtiment est d’ailleurs régulièrement victime de caillassages depuis plusieurs années.
La maire se dit scandalisée
«Ce commissariat est emblématique du problème dans ce département où rien ne bouge en termes matériels et humains, indique le syndicat de police Alliance. En 2014, des travaux de sécurisation devaient être entrepris. Il était prévu de créer une sortie de secours. La porte d’entrée et la façade devaient être renforcées. L’entreprise qui devait réaliser les travaux a fait faillite. Depuis, on attend encore.»
De son côté, Françoise Marhuenda, maire (SE) des Ulis, se dit scandalisée : «Le service éducation, qui se trouve à proximité des locaux de la police municipale, a aussi subi des dégradations. Ces violences gratuites contre des policiers qui sont là pour la protection du public sont révoltantes. Je n’en connais pas les raisons et il est difficile de dire si cela a un lien avec les événements d’Aulnay.»
L’opposition municipale est moins nuancée. «Ces actes de violence ne peuvent être associés à un mouvement de soutien à Théo ou à sa famille, indique dans un communiqué le groupe des élus socialistes, écologistes et républicains. Nous souhaitons lancer un appel au calme à l’ensemble des habitants, la violence ne sera jamais une solution.»
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