«Exceptionnel, mais inquiétant », résume le procureur de la République, en faisant le point, jeudi 16 novembre 2017, sur le démantèlement d’un trafic de drogue, le 8 novembre, à Lucé, Dreux, Vernouillet, Sainte-Gemme-Moronval, Ezy-sur-Eure (Eure) et Saulx-Marchais (Yvelines) : « Trente-sept armes de guerre ont été saisies, dont deux lance-roquettes approvisionnés, dans un box, à Lucé ».
L’enquête a démarré en novembre 2015, sur un trafic de stupéfiants dont l’une des bases se situe à Lucé, dans un box de garage du quartier du Vieux-Puits. Les policiers de la direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) à Orléans soupçonnent vite qu’un trafic de drogue est doublé d’un trafic d’armes.
Mercredi dernier, quatre hommes d’une trentaine d’années sont arrêtés, et six caches perquisitionnées : « Et un mandat d’arrêt a été délivré contre un Drouais en fuite. »
Les enquêteurs ont saisi trente-neuf armes, dont deux lance-roquettes chargés. Sur le marché noir, une mitraillette kalachnikov se vend entre 1.500 et 2.000 €. Ces armes seront analysées afin de déterminer si elles ont été utilisées.
Le directeur adjoint de la DIPJ d’Orléans, le divisionnaire Jean-Philippe Albarel, complète : « Quatre voitures dont deux volées et une faussement immatriculées : trois Audi A3, RS4 et Q7, une Clio RS. Certains avaient leurs armes accessibles au niveau du tableau de bord ».
« Une bande de cité en lien avec le grand banditisme »
Muets lors de leurs auditions, les quatre suspects, âgés d’une trentaine d’années, ont été mis en examen pour trafics de drogue, d’armes et association de malfaiteurs, puis placés en détention provisoire. Le procureur précise :
« L’un d’eux est en état de récidive et a quatorze mentions sur son casier judiciaire, deux autres ont respectivement cinq et une condamnations, et le dernier aucune. »
Selon le directeur départemental adjoint de la DIPJ, « nous sommes dans le milieu classique d’une bande de cité en lien avec le grand banditisme ».
Pour le procureur, cette bande organisée n’a « aucun lien avec le milieu du terrorisme ». Le trafic d’armes était destiné à protéger leur trafic de stupéfiants et à faire du commerce.
Thierry Delaunay, Eric Moine
thierry.delaunay@centrefrance.com
(*) Le 8 novembre, la DIPJ, les brigades de recherche et d’intervention (BRI) d’Orléans et de Versailles, trois équipes du RAID et des équipes cynophiles des Yvelines et de la police eurélienne, spécialisés dans la détection de billets, d’armes et de drogue.
Trafic de drogue et d’armes : un arsenal capable d’éventrer un fourgon blindé
Peines. Le fait d’acquérir, de détenir ou de céder des matériels de guerre, armes, éléments d’armes ou munitions des catégories A ou B, sans autorisation, est passible de cinq ans de prison et 75.000 € d’amende. Mais le procureur poursuit aussi les suspects pour “association de malfaiteurs”, ce qui porte la peine encourue à dix ans de prison et 500.000 €. Le principe est identique pour le trafic de stupéfiants, l’association de malfaiteurs, avec l’idée d’organisation ou de direction du trafic, alourdit la peine encourue de dix ans jusqu’à la peine maximale en France pour un crime, la réclusion criminelle à perpétuité avec vingt-deux ans de sûreté.