Évasion de Rédoine Faïd : l’incroyable récit du pilote de l’hélicoptère
VIDÉOS. L’instructeur Stéphane Buy affirme sur RTL que le stress ne le quitte plus depuis qu’il a été pris en otage par les complices de Redoine Faïd.
Par LePoint.fr
Après l’hébétude, place au « stress ». Trois jours après l’évasion spectaculaire de Redoine Faïd, le pilote d’hélicoptère pris en otage par les complices du braqueur a confié à nos confrères de RTL l’état d’extrême fragilité dans lequel il se trouve depuis les faits. « J’allais bien jusqu’à hier soir [lundi soir], mais j’ai l’impression que ce [mercredi] matin, le stress est beaucoup plus fort », raconte Stéphane Buy avec émotion.
La journée du dimanche 1er juillet, calme et ensoleillée, avait pourtant bien commencé. Habitué à recevoir des badauds désireux de faire leur baptême de l’air, l’instructeur chevronné ne se méfie pas lorsque deux hommes l’accostent. D’autant que « c’était la deuxième ou troisième fois [qu’il les] voyait ». Stéphane Buis en est sûr : il s’agit d’un quinquagénaire qui veut « faire plaisir à son fils » d’une vingtaine d’années en lui offrant un dimanche à quelques centaines de mètres du sol.
Lire aussi. EXCLUSIF. Évasion de Redoine Faïd : « Fais pas l’idiot, on connaît ta famille ! »
« Ils m’ont contraint et prévenu que ma famille était en danger »
Mais les choses se gâtent rapidement. Les deux néophytes n’en démordent pas : ils veulent voler à bord de l’Alouette II, un hélicoptère datant des années 1960. Impossible, leur répond Stéphane Buy dans le hangar, car la machine « n’avait pas assez de carburant pour faire un baptême ». « Et là, tout bascule », se souvient-il. Les hommes « le condamnent » à prendre l’Alouette II, quitte à faire le plein plus tard. « Ils m’ont contraint et prévenu que ma famille était en danger », poursuit l’ex-otage sur RTL, la voix saccadée, persuadé qu’il n’a pas été choisi au hasard. Ses 3 000 heures de vol au compteur ont dû faire saliver les complices du braqueur, juge-t-il.
Les complices de Faïd ont tout prévu pour que l’opération se passe sans anicroche. Ils ordonnent dans un premier temps au pilote d’effectuer un vol habituel pour ne pas se faire repérer. Ils prétextent ensuite une envie pressante pour commander à Stéphane Buis de se poser dans un champ. À peine descendus de l’hélicoptère, les deux hommes prennent le pilote en joue avant de le rosser à coup de crosses. C’est alors qu’ils lui livrent leur plan : aller chercher « un ami » à la prison de Réau, en Seine-et-Marne.
Des hommes cagoulés « du genre Raid ou GIGN »
Le centre pénitentiaire apparaît quelques minutes plus tard à l’horizon. Les individus ordonnent alors une nouvelle halte sur un champ non loin du centre pénitentiaire. « Ils me demandent de couper la turbine et de mettre la tête sur le manche pour ne pas voir arriver un commando », affirme le pilote chevronné. Aveugle, l’homme entend ce qu’il devine être des bruits de chargements à l’arrière de la cabine et l’arrivée de nouveaux comparses.
Le cauchemar se poursuit : la vieille machine ne veut plus démarrer. « Ils ont peut-être dû croire que je simulais une fausse panne », explique le pilote qui dépeint un commando rouge de colère, à l’instar des voyants de l’Alouette II. Les coups de crosses pleuvent. Stéphane Buy sort de la cabine pour tenter de régler le problème. Dehors, il fait face à des hommes en combinaison et cagoulés, « du genre Raid ou GIGN ». Puis tout rentre dans l’ordre et l’Alouette redécolle.
Un Redoine Faïd « très silencieux »
Cap vers la prison et sa cour d’honneur. Le commando force le pilote à voler au-dessus de l’enceinte. Il pose l’Alouette sur une petite allée en bitume à l’intérieur de la prison après une manœuvre « précise ». En un trait de temps, les complices quittent l’habitacle et reviennent avec un Redoine Faïd qui restera « très silencieux » tout le long du trajet retour. Stéphane Buis ne connaîtra qu’après-coup, grâce à la police et aux médias, l’identité de son passager. L’otage est finalement libéré non loin du Bourget. Bien que choqué, Stéphane Buy reprendra le manche d’un hélicoptère très rapidement.