EXCLUSIF. Redoine Faïd sorti de son lit en jogging et djellaba
L’homme le plus recherché de France a été arrêté sans heurt après 95 jours de cavale. Selon nos informations, il avait été localisé quelques heures avant.
Par Stéphane Sellami et Aziz Zemouri
Il a été extirpé de son lit sans ménagement par les hommes des brigades de recherche et d’intervention (BRI) nationale, de Versailles (Yvelines) et de Lille(Nord). Ce mercredi matin, vers 4 heures, en investissant le modeste trois-pièces du quartier du Moulin à Creil (Oise) dans lequel l’homme le plus recherché de France était hébergé avec son frère aîné Rachid et un de ses neveux, prénommé Isaac, Redoine Faïd n’a pu esquisser le moindre geste. Le célèbre fugitif, évadé depuis 95 jours, n’a pas pu s’emparer de l’arme de poing posée sur le sol à ses côtés.
Selon nos informations, vêtu d’un bas de jogging, d’un tee-shirt et d’une djellaba, il a été rapidement menotté avant de voir ses proches également maîtrisés ainsi que la femme qui les hébergeait. Toujours selon nos informations, Redoine Faïd a gardé le silence, ainsi que ses complices de fuite.
« Tout s’est joué en début de nuit »
Un pistolet-mitrailleur a également été découvert dans cet appartement dans lequel il avait trouvé refuge. Deux autres hommes, suspectés d’avoir fait partie du commando venu le libérer de la prison de Réau (Seine-et-Marne), ont aussi été arrêtés, ce mercredi 3 octobre, dans les communes toutes proches de Montataire et de Nogent-sur-Oise. L’ensemble des interpellés (au total sept personnes) ont été rapidement transférés dans les locaux de la brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF) à Nanterre.
Redoine Faïd aurait été localisé dans cet appartement très peu de temps avant son arrestation. « Tout s’est joué en début de nuit, confie une source proche de l’affaire. Il était sorti de cet appartement, à plusieurs reprises, mais sans être formellement identifié, car il était toujours grimé. La décision a été prise à la dernière minute d’aller investir les lieux pour l’interpeller. »
« Un commando paramilitaire »
Cette arrestation met un terme à 95 jours de cavale. Le 1er juillet, un commando armé avait pris en otage un pilote d’hélicoptère, l’obligeant à se poser dans la cour d’honneur de la maison d’arrêt de Réau, où Redoine Faïd purgeait une peine de vingt-cinq ans de prison pour sa mise en cause dans un braquage raté à Villiers-sur-Marne qui a causé la mort d’Aurélie Fouquet, une policière municipale.Cette évasion spectaculaire avait créé la polémique. La ministre de la Justice avait diligenté une enquête. Selon ses conclusions, l’évasion résulte de la « conjonction de failles de sécurité » qui ont été exploitées par un « commando paramilitaire ». « Ce commando a ainsi notamment tiré profit de l’absence de filins anti-hélicoptère dans la cour d’honneur et d’un problème sur le dispositif d’appel d’urgence des forces de l’ordre. »
« Mon frère n’a pas de sang sur les mains »
Contactée par Le Parisien, la sœur de Redoine Faïd s’est félicitée du bon déroulement de l’opération de police. « C’est un grand soulagement pour nous, car nous craignions que les policiers lui tirent dessus. Les rumeurs n’étaient pas bonnes », a-t-elle confié. Et d’expliquer : « Mon frère n’est pas un tueur, n’est pas un flingueur, n’est pas le mauvais garçon qu’on veut présenter. Il n’a pas de sang sur les mains. La preuve avec cette arrestation sans résistance. Il n’a pas tiré. »
La mère d’Aurélie Fouquet a également réagi. « J’avoue être toujours sous le coup de cette nouvelle, mais c’est un grand soulagement pour nous », a déclaré sur RTL Élisabeth Fouquet.
Le Premier ministre Édouard Philippe, devenu également dans la nuit ministre de l’Intérieur par intérim dans l’attente du remplacement de Gérard Collomb, a salué le « professionnalisme » de la police nationale. « L’interpellation de Redoine Faïd montre, encore une fois, le professionnalisme de la police nationale. Félicitations aux enquêteurs de la PJ pour le minutieux travail mené depuis trois mois. Bravo aussi aux équipes de la BRI pour cette arrestation menée sans le moindre heurt », a écrit le chef du gouvernement sur Twitter.