Fac de droit de Montpellier : l’ex-doyen et le professeur vont être suspendus
VIDÉO. À la suite des violences de la semaine dernière, les deux hommes ont été placés mercredi en garde à vue. Selon nos informations, 40 auditions sont programmées.
PAR BENJAMIN TÉOULE, À MONTPELLIER
Quel rôle a joué Philipe Pétel, l’ex-doyen de la fac de droit de Montpellier, dans l’agression d’étudiants occupant un amphithéâtre le soir du jeudi 22 mars ? Qui sont les individus cagoulés armés de bâtons de bois venus frapper et repousser ces jeunes principalement issus de l’université Paul-Valéry ? Autant de questions auxquelles doit répondre l’enquête en flagrance pour violences avec circonstances aggravantes ouverte par le parquet dès le lendemain des incidents. Mercredi en début d’après-midi, Philipe Pétel ainsi qu’un enseignant d’histoire du droit ont été placés en garde à vue. Sur Franceinfo, la ministre de l’Enseignement supérieur a fait savoir que les deux hommes allaient être « suspendus (…) à la suite des premières conclusions de l’enquête administrative » de l’inspection générale, diligentée en fin de semaine dernière. « La suspension d’un professeur d’université, ce n’est pas quelque chose qui se produit tous les jours, mais c’était nécessaire dans ce cas-là au regard des faits », a précisé Frédérique Vidal, qui veut que « toutes les responsabilités » soient « établies » et que « toutes les sanctions » puissent être prises. Les conclusions de l’enquête de l’inspection générale lui seront rendues à la fin de la semaine.
La garde à vue des deux hommes était fortement attendue par les neuf plaignants victimes de blessures ainsi que par leurs nombreux soutiens. En fin de semaine dernière, Philipe Pétel avait assumé à demi-mot ses responsabilités. « Quand l’État démissionne, il y a des gens qui se prennent en charge, et moi, je suis assez fier de mes étudiants », a-t-il déclaré devant les caméras de France Télévisions. « Il faut ce qu’il faut, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, il fallait absolument évacuer cet amphithéâtre. » De son côté, Jean-Luc Coronel de Boissezon, enseignant d’histoire du droit, considéré par plusieurs de ses confrères comme « très conservateur », expliquait dans Libération, le 28 mars, ne pas avoir « l’habitude, lorsque [il était] agressé, de rester passif ». Des propos qui ont mis le feu aux poudres dans la communauté universitaire. La fac de droit restera fermée jusqu’au mardi 3 avril. Selon nos informations, une quarantaine d’auditions seraient programmées pour l’enquête. L’instruction serait suivie de près au plus haut sommet de l’État.
Rassemblement d’étudiants
L’annonce de ces deux gardes à vue est intervenue un petit peu avant le rassemblement d’étudiants opposés à la réforme de l’accès à l’université devant la préfecture de l’Hérault. Un peu moins d’un millier de jeunes ont alors applaudi l’annonce. Ils ont ensuite déambulé dans les rues du centre-ville pour manifester leur colère contre l’ex-doyen.
Ils ont circulé pendant quasiment deux heures, sans incident majeur, s’introduisant dans la gare Saint-Roch, appelant les cheminots à rejoindre leur mouvement. Puis ils se sont dirigés vers le centre commercial du Polygone, dont l’entrée principale a été condamnée. Le mouvement s’est ensuite déplacé vers la place de la Comédie, puis de nouveau vers la préfecture, sous l’œil vigilant des CRS.