Fermeture à 22 heures : les bars sanctionnés ont la gueule de bois
La semaine dernière, cinq établissements de nuit ont été contraints par la ville de fermer plus tôt en soirée. Une sanction qui est intervenue après plusieurs procès-verbaux. Bilan.
Fin de la sanction municipale, hier soir, pour les trois cafés de nuit à Toulouse – Le Filochard (Pont Neuf), le Café Populaire (rue de la Colombette) et le ça va aller (impasse de la Flambère) – et le Loft club (Ponts-Jumeaux), tous les quatre obligés de fermer à 22 heures durant une semaine au lieu de 2 heures du matin pour «nuisances sonores» à répétition et autre entorse à la réglementation. Les établissements, hauts lieux de rassemblement pour les noctambules fêtards, étaient dans la ligne de mire de la commission communale des débits de boissons qui visait au départ une dizaine d’établissements dont se plaignent les riverains.
«Une sanction positive»
Manifestement, la sanction, décidée in fine par le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (LR), a porté ses fruits mais les conséquences économiques se ressentent chez les professionnels. Adam Shaw, gérant du Filochard, qui constate une sérieuse baisse de son chiffre d’affaires en une semaine, reconnaît pour autant le caractère «positif» de la sanction. «Pour fermer à 22 heures, on est obligé de faire partir les clients à 21 h 30, confie-t-il. Bien sûr, les gens n’étaient pas contents, certains râlaient : mais qu’est-ce que c’est que ce bar qui ferme à 21 h 30. C’est une sanction qui s’est lourdement appliquée pour nous, mais qui est intelligente. Je crois que maintenant on va faire gaffe. J’invite d’ailleurs le maire à venir boire une bière pour constater nos efforts». Le Filochard, qui emploie quatre salariés à temps plein, a fait appel à deux vigiles supplémentaires et veut installer des caméras. «Ce sera nécessaire pour prouver à la police municipale que je fais bien mon travail», conclut Adam Shaw qui croit savoir que le Café Populaire a aussi «compris le rappel à l’ordre». «Personnellement, ça ne m’a pas gêné de demander à mes adhérents de venir plus tôt la semaine dernière, je reconnais qu’on fait parfois du bruit et j’accepte la sanction, mais je voudrais aussi qu’elle s’applique à tout le monde de la même manière», assure pour sa part Boyou Gbizié, responsable du café associatif ça va aller.
Au total, ce sont en fait cinq établissements de nuit sanctionnés mais pas pour les mêmes raisons. Le Filochard a collectionné les verbalisations (27 en 2016) pour fermeture tardive, tapage nocturne, etc. ; le Loft club a fait l’objet de trois rapports de contravention pour fermeture tardive ; le Café Populaire déplore deux procès-verbaux pour fermeture tardive, de même que le ça va aller. Enfin, l’épicerie de nuit était également sous le coup de deux procès-verbaux dont un pour avoir vendu de l’alcool après 22 heures, mais la sanction s’appliquera prochainement.
Olivier Arsac : «Une mesure prise avec délicatesse»
Malgré les conséquences économiques pour les cinq établissements sanctionnés pour tapage nocturne, l’adjoint au maire de Toulouse chargé de la sécurité se félicite d’une mesure qui a «été prise avec délicatesse et doigté». «Les professionnels, ajoute Olivier Arsac, ont compris l’objet de cette démarche. Sanctionner un peu et en parler beaucoup. Il fallait faire réagir l’opinion publique, les médias, mais j’observe qu’il n’y a pas eu de levée de boucliers de la part de la profession.» Pour l’heure, assure l’élu, il n’y aura pas de nouvelles sanctions, même si lors d’une récente réunion de la commission communale des débits de boissons, dix établissements étaient visés par des mesures de restriction d’ouverture. Cinq d’entre eux, précise l’adjoint au maire, ont fait l’objet d’une mise à demeure de se conformer à la réglementation. Olivier Arsac note enfin une amélioration en matière de plaintes de riverains sur la plateforme Allo Toulouse. Entre 2015 et 2016, elles ont baissé de 12 %. De même que le top 10 des établissements générant le plus d’appels de riverains mécontents a enregistré une baisse de 500 appels entre 2013 (1 300) et 2016 (800).
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