Fouilles Seznec : la découverte d’un os relance l’affaire 94 ans après les faits
La médecin légiste l’a examiné sur photo et serait formelle : l’os découvert samedi, dans le cadre de fouilles privées organisées par des bénévoles passionnés par l’affaire, serait bien humain. L’enquête est ouverte.
La date du 24 février 2018 pourrait bien faire date dans l’histoire judicaire française. Elle est déjà historique pour la dizaine de bénévoles qui ont participé aux fouilles privées organisées ce samedi, dans l’ancienne maison des Seznec, à Morlaix.
« probablement humain »
Leur objectif : lever le voile sur l’une des énigmes judiciaires les plus importantes de l’histoire du pays et innocenter Guillaume Seznec, condamné au bagne à perpétuité, en 1924 pour le meurtre de Pierre Quéméneur, conseiller général.
À l’initiative, Denis Langlois et Bertrand Vilain, deux hommes persuadés que si Guillaume Seznec était « un faussaire, un escroc, ce n’est pas lui qui a tué Pierre Quéméneur » lors d’un voyage d’affaires à Paris, en mai 1923.
Au vu des témoignages livrés à l’âge adulte par le fils Seznec, Petit Guillaume, âgé de 11 ans aux moments des faits, ils sont intimement persuadés que « c’est la femme de Guillaume Seznec, Marie-Jeanne, qui a tué le conseiller général en le frappant mortellement avec un candélabre, en voulant repousser ses avances ». Ce dernier, découvrant le drame l’aurait alors enterré dans le cellier de leur demeure morlaisienne.
Des passionnés entament les fouilles ce samedi
Ancien avocat d’une partie de la famille Seznec, auteur du livre Pour en finir avec l’affaire Seznec, Denis Langlois a exposé sa version à la justice, qui n’a jamais voulu relancer l’enquête.
Avec d’autres passionnés, il s’est adressé à la propriétaire pour obtenir l’autorisation de réaliser des fouilles dans cette partie de la maison. Elle a accepté.
Les premiers coups de minipelles ont été donnés ce samedi matin, dès 9 h. Après avoir démoli le mur qui empêchait l’accès au cellier, dont on ne connaît pas l’année de construction, les bénévoles (un archéologue, un architecte, des passionnés de détection ou d’histoire) se sont échinés à se débarrasser du toit végétal qui couvrait le cellier pour faire place nette.
Après une courte pause déjeuner, le chantier a repris et a très vite débouché sur la découverte de premiers éléments. Des morceaux de céramique et un bout de pipe, dont la première datation est estimée au début de 19e ou 20e siècle. Et très vite, alors que la mini-pelle commençait tout juste à creuser en dessous du niveau d’un ancien sol en terre battue, un morceau d’os.
Les recherches ont alors été immédiatement arrêtées et les autorités prévenues, comme le stipulait l’accord passé avec la police de Morlaix. L’archéologue sur place a d’abord estimé qu’il pouvait s’agir d’une vertèbre. Humaine ou animale ? Là est la question.
Un os de fémur retrouvé
Saisie, la police a très vite mis en place un périmètre de sécurité. Sur photo, un médecin légiste a été invité à examiner la pièce pour émettre un premier avis.
« Ça semble pouvoir être un os humain et possiblement une tête de fémur », a indiqué le procureur, prudent au moment de rapporter les résultats de cette analyse lors de la courte allocution accordée à la presse. « Une enquête, confiée à la police judiciaire de Rennes, est ouverte pour recherches des causes de la mort », a-t-il poursuivi.
Selon nos informations, le médecin légiste n’aurait pas de doute sur l’origine humaine de l’ossement.
De nouvelles fouilles prévues
Les investigations vont se poursuivre, sur le site morlaisien, où de nouvelles fouilles vont être organisées sous contrôle judiciaire, et dans les labos où les analyses devront déterminer à qui appartenait cet ossement.
À Pierre Quéméneur, qui serait, par ailleurs, connu pour fumer la pipe ? Il est trop tôt pour le dire mais les circonstances sont troublantes.
Un grillage de sécurité devait être installé tout autour de la demeure morlaisienne, par les services techniques de la ville, ce samedi soir, pour éviter toute intrusion. Des rondes seront aussi assurées par les services de police.
Denis Langlois a rappelé au procureur son sentiment d’avoir été « maltraité par la justice », tout au long de l’enquête qu’il a pu mener pour écrire son livre. Et exigé d’être informé des avancées des investigations.