G.-W. GOLDNADEL : UNE OCCASION MANQUÉE POUR REGARDER L’ANTISÉMITISME D’UNE PARTIE DU MONDE MUSULMAN
L’avocat Gilles-William Goldnadel revient sur le verdict du procès Merah, sur l’affaire Ramadan et la profanation de la stèle d’Ilan Halimi.
Gilles-William Goldnadel, le procès Merah s’est terminé hier soir.
Qu’avez-vous pensé du verdict ?
Ce verdict me laisse une impression mitigée.
Je pense qu’on est passé à côté de la catastrophe. Toutefois, 15 ou 20 ans pour un individu comme Abdelkader Merah restent de toute façon une peine très limitée. Le droit, c’est le droit et les preuves sont les preuves. Je me réjouis néanmoins de l’appel du parquet et je rends un hommage appuyé à madame l’avocate générale.
Je me garderai bien de tirer à boulets rouge que ce soit contre la Justice ou contre Dupond-Moretti qui a fait son boulot.
Je me serais évidemment bien passé de ses réflexions sur madame Merah, qu’il ne défendait pas d’ailleurs, et de sa phrase camusienne dont il aurait pu faire l’économie. Cela étant, dans l’énervement, on a le droit de dire des bêtises. En dehors de cela, il a fait son travail et je n’ai pas beaucoup goûté qu’on puisse le siffler ou l’insulter. Même les salauds doivent être défendus.
Dans cette affaire, au-delà de l’insuffisance de la peine, c’est l’absence de débat intellectuel sur le plus important qui me laisse le plus amer. La famille Merah n’est pas une génération spontanée. Derrière cela, il y a le problème de l’antisémitisme islamique. Tout le reste est de la littérature !
Il est dommage qu’il n’y ait pas eu, à ma connaissance, des gens de la partie civile pour oser porter le fer sur la plaie vivante que connaît la France en général et les juifs en particulier. Cet antisémitisme islamique atteint une partie non négligeable des musulmans. Certes, il est loin d’atteindre tous les musulmans, mais il en touche une minorité non négligeable.
Madame Ziaten est là pour montrer qu’il y a des musulmans merveilleux et certains ont été touchés dans leur chair avec cette affaire.
En même temps que cette affaire, il y avait aussi l’affaire Tariq Ramadan. On a assisté à ce délire d’imputation d’un complot juif se cachant derrière les accusations contre Tariq Ramadan.
Le journal Le Monde se réveille et reconnaît enfin qu’il y a une montée très importante de l’antisémitisme dans les « quartiers », pour parler pudiquement.
C’est bien gentil de se pencher sur Abdelkader. Il fallait bien sûr le faire. D’ailleurs, je pense que les parties civiles auraient dû davantage s’attacher aux faits eux-mêmes.
Il faut reconnaître qu’il y a eu la nécessaire compassion pour les victimes et toutes les victimes. Mais le travail intellectuel sur la génération Merah, sur Toulouse, n’a pas du tout été fait. Il n’a même pas été effleuré.
C’est une occasion manquée. J’ose espérer qu’il le sera en Cour d’appel.
La réalité est là, les responsabilités intellectuelles de ce qui arrive à la France doivent être posées.
Je ne cesse de porter le fer contre l’islamo-gauchisme. C’est bien l’islamo-gauchisme qui a permis le défaut d’intégration de l’immigration. C’est cet islamo-gauchisme qui a empêché, quand il était encore temps, de réfléchir sur la montée de l’antisémitisme.
Une partie des gens qui se sont occupés de cette affaire Merah sont des gens qui voulaient absolument croire à la thèse de l’extrême droite derrière l’homme en scooter. Il ne faut pas se tromper.
Je suis donc très affligé et très en colère qu’on soit passé à côté du débat intellectuel nécessaire qui seul peut expliquer Mohammed Merah, Abdelkader Merah et qui seul peut peut-être tenter d’empêcher l’irrépressible et l’irréversible.