La vice-procureur Anne-Cécile Dumonteil avait requis dix-huit mois de prison dont neuf ferme avec un mandat de dépôt à l’audience. Le tribunal correctionnel présidé par Stéphanie Caprin a condamné, hier, un habitant de Soussans à seize mois de prison, dont huit assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve pendant deux ans, avec interdiction de conduire des véhicules terrestres à moteur.
L’affaire jugée dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate n’est pas sans rappeler le drame qui a coûté la vie à un gendarme, dimanche, lors d’un contrôle routier à Salles.
Là aussi, il s’agit d’un pilote qui a refusé, à 48 heures d’intervalle, de se soumettre aux injonctions des policiers et des gendarmes qui lui demandaient de s’arrêter. Vendredi dernier, tout d’abord, vers 18 h 20, ce sont les motards de la police nationale qui essuient un refus d’obtempérer. Les motocyclistes escortent le bus des joueurs de l’équipe de France de rugby espoirs quand ils aperçoivent un quad mettre les gaz et prendre la fuite en doublant une file de véhicules, obligeant des automobilistes à freiner et à s’arrêter. Les policiers font alors demi-tour et se lancent à sa poursuite mais le pilote accélère, traverse une zone d’activité commerciale dans le secteur de Saint-Médard-en-Jalles, circule à contre-sens et file vers Saint-Aubin avant de disparaître sur une piste de la Défense de la forêt contre les incendies (DFCI) à Arsac. C’est là qu’un motard chute et que l’alerte est donnée.
Des menaces et insultes
Le lendemain, en fin de matinée, ce même individu s’illustre à nouveau, cette fois à Margaux où, au guidon d’un scooter TMax, il refuse de s’arrêter face au gendarme de la brigade de Macau. Arrivé à hauteur du militaire, le pilote fait semblant de stopper mais redémarre tandis que le gendarme est agrippé à l’engin et renversé. Il est blessé à une jambe et à un bras.
Le fuyard et son passager disparaissent dans la nature. Pour peu de temps car les gendarmes vont mener de minutieuses investigations et identifier le pilote. Le lundi, ils se rendent à son domicile, à Soussans, mais ils ne le trouvent pas. En revanche, ils découvrent et saisissent un quad lors de la perquisition. C’est à ce moment qu’un rapprochement est établi avec l’affaire des policiers. Furieux qu’on lui ait pris son engin, le jeune homme de 23 ans téléphone dans la journée à la brigade, menace et insulte les gendarmes. Un peu plus tard, il aura maille à partir avec la police municipale avant, finalement, de se présenter à la gendarmerie, une lame de couteau dissimulée dans un bandage autour d’une main !
Libre à l’issue de l’audience
« J’ai pris peur, j’aurais dû m’arrêter mais mon permis est suspendu. Je regrette, c’est vraiment idiot », ne cesse-t-il de répéter devant le tribunal. Son quad n’était pas homologué et il n’aurait jamais dû piloter le scooter. « Je ne sais pas ce qui s’est passé dans ma tête. Je voulais simplement prendre la fuite et ne pas faire de mal à qui que ce soit. Je me suis présenté de moi-même aux gendarmes parce que je n’avais pas la conscience tranquille ».
Le scooter TMax, les gendarmes ne le retrouveront pas car il l’a confié à une connaissance pour qu’elle le fasse disparaître moyennant 300 euros. « Il y a un manque évident de respect pour les forces de l’ordre qu’il n’a cessé de narguer, d’insulter et de provoquer », relève la vice-procureur. « Il n’a jamais eu l’intention d’attenter à leur intégrité physique. Il est immature et a cherché à éviter les contrôles », réplique son conseil Me Bayle qui demande au tribunal de ne pas incarcérer son client. L’avocat a été entendu. Le prévenu, condamné à une peine ferme aménageable, a promis avant de quitter la salle d’audience, libre : « Je regrette vraiment, cela ne se passera plus jamais… »