Habitant à Villeneuve-lès-Avignon, sur un terrain municipal plaine de l’abbaye, Sophie Wehrell a lancé une pétition.
Mardi 18 avril, elle était aux urgences pédiatriques pour une mauvaise fièvre de sa fille de 10 ans. « Rien de grave » finalement. Bien moins que ce qui risque d’arriver à cette Villeneuvoise et à sa fillette le 29 mai prochain. « Je dois être expulsée de chez moi par décision du tribunal d’instance parce que j’ai construit, selon ses termes, des immeubles d’habitation » explique-t-elle, soit deux mois après qu’elle a perdu en justice face à la mairie de Villeneuve.
« J’avais quinze jours pour faire appel mais ça me coûterait 2 500 € de plus. Je suis condamnée à payer 1 300 € à la commune pour résistance abusive et des frais de procédure… » souligne cette mère de famille au chômage, qui, en juin, sera au RSA.
Situation illégale
Le couperet tombe alors qu’il y a un an tout juste, « la police municipale m’a apporté l’ordre de la mairie pour que je parte » de sa maison construite en bois, « sans raccordement électrique ni eau courante », sur un terrain préempté par la commune en 1997. « J’étais là depuis 1996, en location-vente. Quand la mairie a préempté, personne n’a trouvé de solution pour moi. J’ai décidé de ne pas partir. D’ailleurs, personne ne me l’avait demandé. Je connaissais les risques… »
La Villeneuvoise s’étonne que, alors qu’elle est considérée en situation illégale, elle ait dû payer la taxe d’habitation. Tout comme elle se demande pourquoi d’autres maisons ne sont pas visées elles aussi, « dans la plaine, il y a deux poids deux mesures » estime-t-elle.
Chats et chiens
La voilà en tout cas aujourd’hui face à un dilemme. « J’ai dix chats et trois chiens que j’ai recueillis. Je ne veux pas d’un logement social en appartement, je ne veux pas me séparer de mes animaux, qu’on les mette à la SPA ! » assure cette bénévole dans une association de protection animale. Alors que la mairie lui reproche de ne pas avoir fait de demande de logement social, la Villeneuvoise montre différents dossiers. La dernière demande a été déposée au début du mois.
« Mais je ne veux pas que ma fille se retrouve dans un clapier ! Je ne demande rien, je vis avec ce que j’ai, je ne dérange personne ». Parce qu’elle n’entend pas se laisser expulser, Sophie Wehrell a lancé une pétition sur internet, soutenue par des élus d’opposition villeneuvois, qu’elle a également accrochée sur sa clôture, plaine de l’abbaye, afin de sensibiliser les promeneurs à sa cause. « Je ne me laisserai pas faire » prévient la mère de famille.
Réponse : « illégalité »
La directrice générale des services de la mairie de Villeneuve, Sandrine Larue, explique que « Sophie Wehrell occupe un terrain communal depuis plus de vingt-cinq ans sans droit ni titre. Elle a procédé à une installation sauvage sur une propriété municipale qu’elle a régulièrement agrandie. Le juge a constaté l’illégalité de sa construction. Madame Wehrell n’a jamais voulu monter de dossier de demande pour un logement social malgré notre aide. Je suis à jeun de le voir ! Cela fait trois ans que ça dure. Si elle en a un, je suis prête à l’appuyer » mais sans prendre en compte les nombreux animaux de la Villeneuvoise.
« J’ai mené des procédures de relogement des personnes sans domicile fixe qui habitent la plaine, c’est en cours. Nous les aidons », souligne-t-elle. « Avec Madame Wehrell, nous sommes dans une impasse. » Le terrain occupé par la Villeneuvoise fait partie d’un secteur que la commune veut « refaire en zone verte avec des aménagements pour les agriculteurs, on souhaite que cette zone retrouve son état naturel » précise-t-elle. « Les autres constructions ont été autorisées quand la zone était classée constructible. »