Grève : fonctionnaires, RATP, SNCF… Les perturbations à prévoir jeudi
Des salariés d’Air France aux cheminots de la SNCF, ils sont nombreux à avoir été appelés à rejoindre le mouvement de grève des syndicats le 22 mars.
SOURCE AFP
La France risque d’être paralysée dès le jeudi 22 mars. Depuis plusieurs semaines, un mouvement de grève a été annoncé qui, s’il est suivi, pourrait impacter de nombreux services de l’espace public. Réduction du pouvoir d’achat, gel des salaires, statut en danger, conditions de travail intenables… Qu’ils soient cheminots, enseignants ou personnels hospitaliers et de santé…, ils sont nombreux à vouloir régler les comptes avec le gouvernement devant des propositions de réformes qui déplaisent.
- Cheminots et transports
À la SNCF, les syndicats représentatifs (CGT, Unsa, SUD, CFDT) organisent jeudi une « manifestation nationale » à Paris contre la réforme du ferroviaire, avec « plus de 25 000 » personnes attendues. Ils seront rejoints par la CGT-Énergie au départ de la gare de l’Est et retrouveront, à Bastille, le cortège de fonctionnaires qui partira de Bercy. L’ampleur du défilé donnera une première indication du rapport de force entre le gouvernement, qui a annoncé une réforme par ordonnances (transformation de la SNCF en société anonyme, abandon du statut de cheminots à l’embauche, etc.), et les syndicats qui appellent à une grève ponctuelle dès le 3 avril. SUD-rail a déposé un préavis national pour jeudi, la CGT et FO (non représentatif) l’ont fait localement et dans certains métiers. La grève va se traduire par la circulation de 40 % des TGV jeudi, 25 % des Intercités et 50 % des TER, tandis que 30 % des trains d’Ile-de-France seront assurés, a fait savoir sur RTL le patron de l’entreprise publique, Guillaume Pepy. « On va tout faire pour accompagner nos voyageurs, on va fermer les sièges de l’entreprise en région et au plan national pour que le maximum possible de personnels soient aux côtés des voyageurs » touchés par ce mouvement social, a-t-il promis. La SNCF a indiqué qu’elle suspendait la vente de billets pour tous ses TGV et Intercités sur les douze jours de grève prévus en avril
LIRE AUSSI : La SNCF ne prend plus de réservations pour les jours de grève en avril
Du côté de la RATP, trois syndicats (CGT, Unsa et SUD) appellent à la grève au sein de la régie des transports parisiens, en solidarité avec les cheminots et pour des motifs spécifiques : crainte d’une privatisation future, problèmes d’effectifs… La direction prévoit peu de perturbations : circulation quasi normale des métros, bus et trams, et trois trains sur quatre pour les RER A et B, soit « deux trains sur trois en heure de pointe et trafic quasi normal en heures creuses », précise la régie. Sur le RER B, un changement de train sera nécessaire à Gare du Nord pour accéder à la zone SNCF, indique par ailleurs le communiqué.
- Transport aérien
Chez Air France, une seconde grève pour les salaires est prévue vendredi à l’initiative de onze syndicats, tous métiers confondus. La mobilisation sera « du même ordre » que le 22 février, prédit le Spaf, 2e syndicat de pilotes. La direction avait évoqué un quart des vols annulé. Les prévisions de trafic seront connues « mercredi ou jeudi », selon un porte-parole d’Air France. Le groupe aérien va en revanche éviter une grève jeudi et vendredi chez Hop !, sa filiale domestique, le 3e syndicat de pilotes ayant « suspendu » son préavis.
Selon la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), 30 % des vols au départ et à l’arrivée des aéroports de Roissy, d’Orly et de Beauvais seront annulés. Il revient aux compagnies aériennes de déterminer quels vols seront touchés par ces annulations, précise la DGAC. Air France prévoit d’assurer 75 % de ses vols moyen-courriers au départ et à destination de Roissy et 60 % des court-courriers à Orly et des liaisons transversales province. En revanche, la totalité des vols long-courriers est maintenue, selon la compagnie.
- Fonctionnaires
Sept syndicats (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC) appellent à la grève pour le pouvoir d’achat et la défense du statut dans la fonction publique territoriale, hospitalière et d’État. Plus de 140 manifestations sont annoncées en France. Une première journée d’action le 10 octobre avait rassemblé des centaines de milliers de personnes.
Les syndicats réclament le dégel de la valeur du point d’indice (qui sert au calcul de la rémunération), l’abrogation du jour de carence et davantage qu’une compensation de la hausse de la CSG. Ils mettent aussi en garde contre une remise en cause du statut de la fonction publique, préparée selon eux par l’exécutif dans le cadre de la future réforme de l’État, avec le recours accru aux personnels contractuels et la mise en place de plans de départs volontaires.
- Éducation
Lundi, le ministre Jean-Michel Blanquer a dit s’attendre à des « grèves limitées » dans les écoles. Le SNUipp-FSU (1er syndicat du primaire) anticipe un suivi divers selon les départements. La portée du mouvement devrait être connue mardi soir. Les syndicats lycéens et étudiants (Unef), qui protestent contre les réformes du bac et de l’université, ont rejoint l’appel à la mobilisation. Des crèches seront également fermées jeudi.
- Santé
Infirmiers, aides-soignants mais aussi agents administratifs dénonceront de nouveau le « malaise » régnant dans les hôpitaux publics, sommés d’économiser l’équivalent de 22 000 postes sur la période 2015-2017 et qui devront réaliser 1,6 milliard d’euros d’économies en 2018. Le gouvernement promet une vaste réforme du système de santé grâce notamment à de nouveaux modes de financement. Des organisations de médecins hospitaliers, comme l’Amuf (urgentistes), le SNMH FO, ou le SNPHAR-E (anesthésistes), soutiendront le mouvement.
En outre, FO et la CGT notamment appellent les personnels des maisons de retraite médicalisées (Ehpad) à une 3e mobilisation pour réclamer davantage de moyens humains. Mais l’intersyndicale à l’origine des grèves du 30 janvier et du 15 mars préfère garder un mouvement dédié et discuter d’une journée d’actions à une date ultérieure, selon la CFDT.
- Contrôleurs aériens
Outre la défense de la fonction publique, l’USAC-CGT, premier syndicat de l’Aviation civile et deuxième parmi les contrôleurs aériens, a déposé un préavis de grève spécifique concernant les effectifs à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Il évoque un trafic aérien en hausse de « 10 % » et une baisse d’effectifs du même ordre.