La justice emprisonne de plus en plus de mineurs. Au 1er août, 885 mineurs étaient écroués, dont les deux tiers en détention provisoire, selon la direction de l’administration pénitentiaire. Jamais depuis quinze ans de tels chiffres n’avaient été atteints. Ce mouvement de hausse a été particulièrement rapide ces derniers mois puisque en un an le nombre de mineurs détenus a progressé de 16,6 %, tandis que la population carcérale augmentait de 0,4 %.
Le phénomène étonne jusqu’au ministère de la justice où ni la direction des affaires criminelles et des grâces ni celle de la protection judiciaire de la jeunesse, pas plus que la direction de l’administration pénitentiaire, ne sont en mesure de donner une explication. « Est-ce que cela vient d’une aspiration plus sécuritaire de la société ? Ce n’est pas à moi de l’interpréter », commente Madeleine Mathieu, la directrice de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Aucune directive de politique pénale ni réforme n’est venue durcir le sort des adolescents ces dernières années.
Le phénomène des mineurs étrangers isolésCertes, ce chiffre de détenus ne représente que 1,4 % des mineurs pris en charge par la PJJ. Mais retrouver les niveaux antérieurs à 2002 n’est pas anodin. Cette année-là, la loi Perben créait les centres éducatifs fermés (CEF). L’objectif était d’apporter une solution alternative à la prison pour les enfants multirécidivistes ou multiréitérants. Ces petites structures où les jeunes sont placés pour six mois sont sans barreaux mais ont des contraintes suffisamment fortes pour entrer dans le champ de compétence du Contrôleur général des lieux de privation de liberté.
La montée en puissance des CEF a permis de faire baisser le nombre de mineurs incarcérés. Mais le jeu de vases communicants a été limité et, surtout, il est terminé. Le nombre d’enfants de 13 à 18 ans placés en CEF devrait atteindre, selon les projections de la PJJ, 1 563 à la fin de cette année….