C’est pas pour jouer aux cow-boys. Surtout pas ! » Maire de Herserange, Gérard Didelot prévient d’entrée. La volonté de la commune d’armer sa police municipale peut pourtant surprendre. Le premier magistrat l’assume et la justifie. « Les gens ont du mal à faire la différence entre policier national et municipal. Moi, je voudrais qu’il n’y en ait plus. Je ne veux pas qu’on croit que l’agent municipal est un sous-policier. Il faut que nous puissions lui fournir les meilleurs outils possibles pour assurer sa fonction. Des habitants m’en ont déjà fait la réflexion : « Un policier pour sécuriser une manifestation, c’est bien. Mais s’il arrive quelque chose, il fait quoi ? » »
« Gage de sécurité »
La municipalité herserangeoise a décidé de répondre à cette question en confiant à son agent un Glock 17, pistolet de calibre 9 mm. Un choix que n’a pas fait, par exemple, la Ville voisine de Longwy, également dotée d’une police municipale.
« C’est un gage de sécurité pour la personne en service, estime Céline Michel, directrice générale des services herserangeois. Et c’est aussi une façon de montrer qu’elle n’est pas seulement là pour dresser des PV. »
Le maire, lui, ne nie pas que la préoccupation terroriste est entrée en ligne de compte dans la réflexion. Le 14 juillet 2016, quatre de ses administrés ont péri dans l’attentat de Nice… « Depuis, je ne réfléchis plus de la même manière, confie Gérard Didelot. Cette fois-là, c’est arrivé ailleurs. Mais ça aurait pu être ici. Dans la situation actuelle, on ne peut plus se dire : « Ça n’arrive qu’aux autres… » »
« Démarches lourdes »
Avant d’obtenir cet armement, la Ville de Herserange doit néanmoins s’affranchir de « démarches lourdes, mais nécessaires », reconnaît le maire. Aussi, la préfecture de Meurthe-et-Moselle, la Direction départementale de la sécurité publique et les services du commissariat local ont donné leur accord par le biais d’une convention signée en janvier 2017. Récemment, l’agent herserangeois a suivi une formation théorique de deux journées, « sur l’environnement juridique lié au port d’arme ».
Elle sera suivie d’un volet pratique de quatre jours, « sur le tir et l’entretien » d’ici le 16 décembre. Enfin, le pistolet devra être déclaré en préfecture, avec information au parquet de Briey. Parallèlement, la Ville aura à s’équiper en conséquence. En plus du coût du matériel, estimé à 1 600 €, un local sera sécurisé au sein de la mairie avec une porte adéquate (« au moins 1 500 € »). Là, arme à feu et munitions seront stockées dans deux coffres-forts distincts (« de 300 à 1 200 €, selon les modèles »).
Deuxième agent à venir
« Avant la fin de l’année, le matériel nécessaire sera mis en place, annonce Céline Michel. Mais je ne dis pas que le policier pourra avoir son arme sur lui : il faudra attendre l’autorisation préfectorale validant sa formation. Ce sera plutôt pour début 2018. » A noter : l’an prochain, une partie de ces frais seront doublés afin d’équiper un deuxième agent. Suite à un récent départ, un recrutement est en cours.