Île-de-France : le procès du «proxénétisme des cités» s’est ouvert
Ils prenaient les filles en photo dénudées, couchaient avec elles en guise de «test» avant d’envoyer les annonces sur internet : douze hommes sont jugés à Paris pour avoir prostitué de jeunes filles, la plupart mineures, en Île-de-France. Fatoumata avait 15 ans au moment des faits, fin 2015. Après une fugue, elle va déposer une plainte avec sa mère. «Si le client donnait 200 euros, on savait qu’il y en avait pour une heure», a-t-elle raconté aux enquêteurs.
Elle a réussi à s’enfuir, mais son proxénète est allé la chercher à son collège. «Oui, elle avait l’âge d’être collégienne», souligne la présidente de la 15e chambre du tribunal correctionnel, en lisant le dossier. «Dès le début, toutes ces jeunes filles décrivent à peu près la même chose», résume-t-elle.
Les faits se déroulent surtout à Paris, Clichy (Hauts-de-Seine), Juvisy-sur-Orge (Essonne) mais aussi en Belgique, dans des appartements loués à la semaine ou des hôtels. «Un des points communs entre ces jeunes filles, c’est qu’elles sont en détresse. Elles sont en rupture, parfois en fugue», explique la présidente.
Face à elle, les douze prévenus, âgés pour la plupart de 22 et 23 ans. En revanche, sur le banc des parties civiles, trois associations mais pas de victime au premier jour du procès. Sur seize victimes identifiées, dont onze mineures, deux se sont constituées partie civile, mais une seule devrait venir témoigner, l’autre ayant trop peur. Elles seront les grandes absentes de ce procès qui doit durer jusqu’au 3 juillet.
Les filles étaient repérées sur des réseaux sociaux, souvent sur Instagram et Twitter.
«Ils savaient que nous étions mineures. (…) Ils nous ont testées sans préservatif, en alternant les partenaires», a raconté Jaëlle.
«Le chiffre d’affaires pour une semaine dans un appartement avec quatre filles s’élevait à 7 000 euros. Les filles ont parlé d’un abattage.»
Il y a actuellement, selon le parquet général, environ 70 enquêtes de police sur le ressort de la cour d’appel de Paris pour des faits de proxénétisme, similaires à cette affaire.
La procureure générale Catherine Champrenault déplore «de très fortes augmentations de la prostitution des mineurs depuis 2014».