Ils lui avaient fracturé le crâne à coups de pied
Frappé à coups de poing, de pieds et enfin avec la crosse d’une arme airsoft alors qu’il était à la terrasse d’un café de Grisolles, la victime de cette sauvage agression, deux ans après les faits, n’était pas remise de ses séquelles, hier à la barre du tribunal correctionnel. «Il a eu le visage défoncé avec plusieurs fractures. Son état n’est pas consolidé, il souffre continuellement d’acouphènes», plaidait son avocate Me Justine Marty. Les raisons de cette agression commise en plein jour le 29 novembre 2015, un obscur contentieux entre jeunes de Grisolles… Les deux auteurs, Sébastien B., 25 ans aujourd’hui, et son comparse, Frédéric P., 26 ans, adoptaient l’un et l’autre une défense marquant aucune empathie pour la victime qu’ils avaient molestée au point de le laisser inconscient dans la rue. «Vous dîtes qu’il vous provoquait depuis des années. Les gendarmes ont eu beau chercher, l’instruction ouverte n’a pas permis de déceler quoique ce soit : ce n’est pas la terreur de Grisolles…», constatait la présidente Vanessa Maury. Et la juge de préciser : «Il ressort que la veille dans un kebab de la commune vous aviez déjà mis au sol la victime». Plus grave encore dans l’information judiciaire ouverte, l’achat de gants, préalablement à l’agression, laissait envisager une préméditation des faits. «C’est quoi ces gants?», tonnait la vice-procureur Véronique Benlafquih. «On voulait se protéger», lâchait Sébastien B. «Si on ne l’avait pas attrapé, c’est lui qui l’aurait fait», lâchait Frédéric P. qui montrait encore une véritable hostilité deux ans après les faits. Très énervé par l’attitude de ses agresseurs, la victime s’emportait. «Ce sont des dealers, j’ai des séquelles de fou!», criait le plaignant en regardant les yeux dans les yeux les prévenus. Le policier de garde était obligé de s’interposer pour ramener le calme. «Cela a été une violence inutile», finissait par avouer Frédéric P. Rejoint par son acolyte : «Le pare-brise de ma voiture avait été cassé, je pensais que c’était lui : il y a un excès de violence». «Vous avez vu les photos de son visage!», tempêtait la juge. «Sur le moment, ce n’était pas flagrant», assurait maladroitement Frédéric P. «Une fracture du crâne : on est passé pas loin du décès», requérait V. Benlafquih rappelant leur passé commun de petits délinquants. Elle réclamait de lourdes peines de 25 à 28 mois ferme. À la défense, Me Olivier Groc accusait le coup. «Je suis abasourdi. Mon client est désormais inséré avec un travail et une famille. Il a complètement changé de vie». Même son de cloche pour Me Boyer qui mettait en lumière la nécessité pour son client d’être libre pour payer la victime. Le verdict suivait la défense en ne condamnant les prévenus qu’à six mois ferme et 18 mois de sursis avec mise à l’épreuve.