Après l’incendie contre des voitures personnelles de gendarmes dans l’enceinte de la caserne de Meylan, près de Grenoble, ce jeudi, le procureur de la République a tenu une conférence de presse en début d’après-midi. « Ce sont des familles qui ont été attaquées au cœur de la nuit », a-t-il pointé, soulignant des « faits intolérables et d’une gravité extrême ». Il confirme la piste criminelle : une partie du grillage de la caserne a été découpée. Un cadenas a été posé sur le portail d’entrée.
À Meylan, près de Grenoble, quatre voitures ont brûlé dans l’enceinte de la gendarmerie ainsi qu’une moto dans la nuit de mercredi à jeudi, vers 3 h 30. Ce sont les véhicules personnels des gendarmes qui ont été touchés. Ils se trouvaient au pied des logements de neuf familles. Jean-Yves Coquillat, procureur de la République, a insisté sur cet aspect, lors d’une conférence de presse, ce jeudi après-midi.
« Le ou les auteurs ont incendié des véhicules qui appartenaient aux familles des gendarmes. […] Cette fois, on s’en est pris directement aux militaires et à leurs familles », a souligné le procureur.
« Heureusement, les gendarmes ont été réveillés par les odeurs. » Ils ont attaqué les flammes avec des extincteurs avant que les pompiers n’arrivent. « Si les gendarmes n’avaient pas réagi, nous aurions pu avoir une affaire extrêmement dramatique avec des morts et des blessés. »
Des « faits intolérables et d’une gravité extrême »
Un peu plus tard, Jean-Yves Coquillat a fait un parallèle avec l’attaque terroriste contre les policiers tués à Magnanville, en juin 2016, pour souligner la gravité des faits : « Ce sont des familles qui ont été attaquées au cœur de la nuit. Comme les deux malheureux policiers attaqués par un terroriste chez eux. » Les gendarmes ont été pris pour cible « dans un endroit sacré », à leur domicile. Ce sont des « faits intolérables et d’une gravité extrême ». « De tels actes peuvent s’apparenter à des actes terroristes », a-t-il déclaré.
« Cet incendie marque le franchissement d’un cap », a ajouté le colonel Yves Marzin, commandant du groupement de gendarmerie de l’Isère : « Ce sont les familles qui ont été directement visées ».
Grillage découpé et cadenas sur le portail principal
« Il s’agit d’un incendie volontaire. Très probablement, des produits inflammables ont été utilisés », a poursuivi Jean-Yves Coquillat, dans l’attente des résultats des analyses.
D’autre part, la caserne, qui ne possède pas de caméras de vidéosurveillance, est ceinte d’un grillage qui a été « entièrement découpé », à un endroit, près d’un bois.
Le procureur a aussi parlé d’un « cadenas sur le portail d’entrée de la brigade ». Il pouvait être destiné à gêner l’intervention des secours ou à empêcher les gendarmes de sortir. Les faits sont les résultats d’une « action assez professionnelle de quelqu’un ou de plusieurs personnes. Ce sont des techniques de sabotage. »
Plusieurs pistes
Fin septembre, un violent incendie avait ravagé un garage et des locaux techniques d’une caserne de gendarmerie à Grenoble, détruisant des véhicules ainsi que des scellés. Il avait été revendiqué par une mouvance d’extrême gauche.
« L’unité de lieu et de temps est troublante, [ainsi que] la découpe du grillage, mais là, on a une volonté de s’en prendre pas seulement à l’institution gendarmerie mais aussi aux gendarmes ou à leurs familles », souligne le procureur. Le fait que cet incendie semble avoir été très préparé va tout de même dans ce sens, selon le procureur : « C’est pour ça que la piste des anarcho-libertaires n’est pas écartée », ajoute-t-il, précisant que l’incendie n’avait « pas encore revendiqué » et qu’il était « trop tôt » pour être sûr d’une piste.
Il a aussi évoqué les véhicules d’Enedis, filiale d’EdF, incendiés à Limoges mercredi. « La direction générale de la gendarmerie assure une coordination des différents dossiers ouverts », a précisé le colonel Yves Marzin.
« Il y a aussi une autre piste évidente quand on s’en prend aux gendarmes : c’est la piste de la vengeance. les gendarmes interpellent des gens tous les jours et ne se font pas que des amis », a complété Jean-Yves Coquillat.
Une cellule psychologique
La section de recherche de Grenoble est chargée de l’enquête ainsi que brigade de recherche de Meylan et de nombreux autres moyens de la gendarmerie.
Une cellule d’aide psychologique a été mise en place ce matin pour les gendarmes de la caserne et leurs familles.
Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb « condamne avec la plus grande fermeté cet acte criminel qui aurait pu avoir des conséquences humaines dramatiques ». Il témoigne « aux gendarmes de l’Isère et à leurs familles tout son soutien et sa considération pour le travail exceptionnel qu’ils effectuent au quotidien » et assure que « tous les moyens sont mobilisés pour que les auteurs de ces actes aient à en répondre devant la justice ».