09/09/2017 – 07h30 Nantes (Breizh-Info.com) – Finalement, l’Etat en est arrivé aux mêmes conclusions que les Nantais. Envoyer 34 CRS pour sécuriser la place du Commerce pendant une semaine, ça fait une belle com’ mais aucun effet durable sur la baisse de la délinquance. C’est ainsi que 60 CRS seront détachés sans limite de durée pour sécuriser le centre-ville.
Sécurisation des transports et… des manifestations
Ces CRS arriveront le mardi 19 septembre et seront affectés notamment à la sécurisation des transports en commun – dont la station Commerce –, du centre piétonnier ou des rives de l’Erdre. Cependant, ils pourront être retirés en cas de force majeure – une rentrée sociale très agitée à Paris, une nouvelle dégradation de la situation à Calais (ou ailleurs).
Ces 60 CRS sont évidemment une bonne nouvelle pour la sécurisation du centre-ville, alors que les vols violents en réunion – de vrais tabassages perpétrés par des délinquants jeunes et souvent clandestins – sont chaque nuit plus nombreux dans le centre-ville, parfois assez loin de la station Commerce (Bretagne, Hôtel-Dieu, faubourg Madeleine), et sont les témoins d’un pourrissement de la situation sécuritaire dans le centre-ville.
Leur mise en place coïncide aussi avec la double reconnaissance (il n’est jamais trop tard) de l’insécurité grandissante dans le centre-ville et du mal-être profond que ressentent les nantais à côtoyer, à subir cette situation qui fait plonger leur ville. Qui la souille, au cœur d’elle-même : ce ne sont pas les quartiers résidentiels bobos ou bourgeois qui sont frappés de plein fouet, mais le centre historique.
Une solution bancale faute de mieux ?
Cependant, ce n’est pas là un renforcement des forces de police réclamé constamment par les policiers nantais eux-mêmes. Dans certaines brigades spécialisées, chaque policier a 150 à 200 affaires à traiter, ce qui nuit, on s’en doute, à la résolution des affaires et encourage les délinquants à l’impunité. Et ce tant pour les vols de toute nature que les cambriolages, qui ne cessent d’augmenter, et dont 1 sur 10 à peine est résolu.
« Cantonner 60 CRS à Nantes, c’est un emplâtre sur une jambe de bois », estime un policier nantais. « Certes, ça se voit dans les rues, les gens se disent, c’est bien, on fait quelque chose pour nous. Mais la délinquance elle, ne fait que se déplacer. Pour la réduire, la technologie, les boucliers, les casques, c’est illusoire. Il faut des moyens humains, il faut recruter, renforcer nos effectifs pour qu’on puisse enquêter plus rapidement, résoudre les affaires, coincer les délinquants. Il faut aussi que la justice suive et pour ça, il faut avant tout une volonté politique, tant locale que nationale »
Lâcher la police municipale dans les quartiers sensibles – sans qu’elle n’est ni les effectifs, ni les armes, ni la formation – n’est pas suffisant. Faire parader 60 CRS, non plus. « Et pourquoi pas la police montée ? », ironise un agent de la TAN excédé. « Pendant qu’ils nous enfument avec leurs petits soldats, nous ça fait des mois qu’il faut qu’on demande pardon aux dealers pour accèder à nos locaux à Commerce, que dès qu’il fait nuit nos collègues féminines se sentent en insécurité, elles serrent les fesses ».
La question centrale, est celle de la volonté politique des pouvoirs nationaux et municipaux socialistes. Toutes ces années, pendant que les délinquants s’installaient avec armes et bagages dans le centre-ville, multipliaient les rapines, le pouvoir local continuait à s’oublier dans la douce utopie publicitaire de la ville « où il fait le mieux vivre » en France. Le réveil est brutal. Aujourd’hui le Voyage à Nantes, c’est « Visitez Nantes, son château, ses dealers, ses émeutes ».
Louis Moulin
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