Interview de la Sénatrice Véronique Guillotin sur l’intelligence des territoires-vers un continuum de sécurité.
Comment voyez-vous les choses ?
Il y a un véritable sujet sur le commissariat subdivisionnaire de Villerupt. Son maintien semble trop souvent questionné en fonction des effectifs de la circonscription de Longwy-Villerupt alors que dans le même temps une augmentation significative du nombre d’habitants est prévue.
N’oublions pas que la circonscription de police est transfrontalière tout comme Villerupt. Ce qui pose des difficultés non pas nouvelles, mais supplémentaires, notamment pour appréhender les contrevenants.
Ces départs vous paraissent-ils inquiétants ?
À l’approche des dix-sept départs annoncés pour septembre, les inquiétudes quant au maintien du commissariat de Villerupt et aux conditions de travail des agents émergent à nouveau. Parmi ces départs, il faut compter trois quarts d’agents de police secours c’est autant de policiers en moins pour assurer la sécurité de nos concitoyens.
Les affectations doivent être régulièrement augmentées afin de ne pas subir de baisse d’effectifs à chaque départ, mais surtout de tendre vers l’objectif ciblé de 92 agents.
Que doit-on attendre de l’État ?
D’une manière générale, je crois beaucoup à la décentralisation. Si bien qu’à mon sens, les solutions ne doivent pas toujours être attendues d’en haut, mais doivent émerger des acteurs locaux, des territoires et surtout être entendues et accompagnées.
C’est en quelque sorte l’intelligence des territoires que l’État doit considérer, reconnaitre et prendre en compte.
Des propositions consensuelles émergent des acteurs locaux :
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Renforcer l’attractivité des métiers sur le territoire par la mise en place d’une BAC ;
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Réfléchir à une circonscription de sécurité aux contours plus territoriales et renforcer les coopérations avec nos voisins Luxembourgeois et Belges.
Quelles solutions locales pour compenser ces pertes ?
Tout d’abord comme je l’ai dit précédemment les affectations doivent être régulièrement augmentées.
Un continuum de sécurité pourrait voir le jour avec une collaboration active entre les forces de sécurité nationale, les policiers municipaux voire les agents de sécurité privée. Chacun dispose d’une place essentielle et complémentaire sur l’échiquier sécuritaire dans le cadre d’une mutualisation intelligente des effectifs.
Les contrats locaux ou intercommunaux de sécurité et de prévention de la délinquance doivent jouer tout leur rôle de coordonnateur dans ce dispositif.
L’échelle intercommunale de la police municipale me paraît plus pertinente car plus attractive pour les agents qui travaillent en équipe avec des moyens mutualisés.
En outre, la problématique de la fidélisation des agents de la police municipale sur les territoires tendus comme le nord du département de Meurthe-et-Moselle doit être traitée tout comme pour les agents de la police nationale. Qualité de vie, écoles, pratiques sportives, commerces, services publics, hébergement… la liste n’est pas exhaustive et pourtant, ces services sont indispensables pour permettre aux agents et à leur famille de construire leur vie sur notre territoire.