Irma, Katia, Jose et les autres viennent bien de quelque part ! Oui, ils sont nés près des côtes de l’Afrique de l’Ouest. Là se trouve la maternité, la nurserie des ouragans de l’Atlantique nord. Explications.

C’est un petit tourbillon. Presque inoffensif, à côté de ses monstrueux aînés, plus à l’ouest – j’ai nommé Irma, qui attaque la Floride, et Jose, qui balafre les Caraïbes. Une petite dépression, avec des vents de 60 km/h, qui tourne doucement sur elle-même à quelques centaines de kilomètres de la côte Ouest de l’Afrique.

Sur la carte ci-dessus, en tête de l’article, nous sommes le dimanche 10 septembre, il est 5 heures du matin en France. Le phénomène est né voici 48 heures. Il est bénin, donc anonyme, pas question de le baptiser pour l’instant. Que va-t-il devenir ? Un enfant simplement turbulent, comme les dépressions qui viennent régulièrement balayer nos côtes ? Ou bien un monstre destructeur qui va semer la mort sur son passage ? L’avenir le dira.

Un phénomène en plein développement

L’avenir et les prévisions météo. Regardez la carte ci-dessous. Nous sommes maintenant le lundi 11 septembre au matin. Tiens, la petite dépression semble vouloir se creuser, se renforcer, accélérer son tourbillon.

Les cartes suivantes, du mardi 12 et du mercredi 13 septembre, ci-dessous, montrent la croissance du phénomène. Et son déplacement vers l’ouest. Le gamin sait marcher. Et ensuite ?

Pour le moment, impossible de « voir plus loin ». La dépression, même avec des vents de 100 km/h, ne mérite encore pas de prénom. Peut-être va-t-elle se dissoudre dans l’Atlantique. Monter trop au nord, rencontrer des eaux froides, faiblir et se désagréger. Ou pas.

Humidité et eaux chaudes

Quoi qu’il en soit, cette naissance et cette croissance, auxquelles vous avez assisté, Irma, Katia et Jose les ont connues aussi. Eux aussi sont nés là-bas, au large de la Guinée, de la Sierra Leone, du Libéria.

Cette zone, comprise entre le 5e et le 20e parallèle nord, est la maternité, la nurserie des ouragans de l’Atlantique nord. Notamment entre juillet et octobre. Pour une raison simple : on y trouve à la fois une forte humidité (donc des nuages, des gros cumulonimbus) et des eaux chaudes (au moins 26°C ou 27°C) sur une grande profondeur (au moins 50 mètres).

Car l’évaporation de surface de grandes quantités d’eau fournit l’énergie nécessaire pour entretenir la machine à vapeur qu’est un cyclone. Voilà pourquoi le phénomène connaît ensuite une vie agitée : il se renforce en survolant des eaux chaudes, faiblit dans le cas contraire – ou lorsqu’il touche terre : il est alors privé de « carburant ».

Indispensable force de Coriolis

À tous ces ingrédients s’ajoute l’indispensable force de Coriolis : engendrée par la rotation terrestre, elle imprime une déviation du vent (vers la droite dans l’hémisphère nord, vers la gauche dans l’hémisphère sud). C’est elle qui intervient pour déclencher le mouvement tourbillonnaire initial indispensable à une dépression. En dessous de 5 degrés de latitude, la force de Coriolis est trop faible pour un tel déclenchement : il n’y a donc pas de cyclone près de l’équateur, entre 5° sud et 5° nord.

Forte humidité, eaux chaudes en profondeur et force de Coriolis (sans oublier d’autres facteurs plus techniques : présence de vents en altitude…) induisent la formation de dépressions marquées au large de l’Afrique de l’ouest. Lesquelles peuvent ensuite filer vers l’ouest, par la grâce des flux d’est, pour éventuellement devenir des tempêtes tropicales, voire des ouragans.

Dans les jours qui viennent, nous surveillerons le devenir de notre phénomène atlantique. En espérant très fort qu’il ne suivra pas le destin tragique des autres membres de sa famille.

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