« La galanterie est-elle sexiste ? ». Telle est la question posée par une vidéo récente de LCI, tenant plus du cours d’auto-école que du reportage : deux journalistes, d’une voix pointue d’institutrice, entendent « faire le point » sur cette pratique « old school », « toujours ancrée dans nos habitudes », « même en 2017 ».
Un micro-trottoir montre que, dans leur immense majorité, le Français (et la Française) de la rue y voient du « respect » – c’est le mot qui revient. Mais le Français et la Française de la rue, bien sûr, n’y connaissent rien. Il faut des chercheurs américains pour expliquer à ces fronts bas et ces esprits obtus que la galanterie est, en réalité, du « sexisme bienveillant », « qui ramène la femme à un statut d’infériorité »… ce que confirme doctement Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d’Osez le féminisme !, pour laquelle « la galanterie met l’homme dans une position de pouvoir très valorisée, sous couvert d’être protecteur ».
Saperlipopette, ce n’est pas bientôt fini ? Weinstein et ses épigones sont-ils de galants hommes ? Cantat est-il un galant homme ?
Détruire la galanterie, c’est revenir à la loi du plus fort. La galanterie est cette servitude volontaire, cette cession consentie par l’homme à la femme de la part de force physique qui lui fait défaut, l’égalité entre les sexes – que nul ne conteste sur le plan intellectuel, professionnel, psychologique – s’arrêtant devant l’armoire normande à monter dans l’escalier. S’il est des lieux aussi peu paritaires que les monuments aux morts, ce sont bien les entreprises de déménagement. Les fichiers de violeurs et d’agresseurs sexuels, aussi. Alors, plutôt que balancer son porc « après », mieux vaut neutraliser son porc « avant », en apprenant au garçonnet dès l’enfance à se maîtriser, par l’intériorisation, l’appropriation de mille petits gestes de respect… qu’il est convenu d’appeler galanterie. Une des journalistes de LCI trouve « un peu artificiel », devant une porte, de céder le pas à la femme. Mais si l’on était « naturel », qui, en jouant des épaules, passerait TOUJOURS en premier ?
Détruire la galanterie, c’est empêcher l’homme et la femme de communiquer, c’est effacer les codes, les nuances, les sous-entendus, les usages, et tout ce jeu charmant de séduction qui se déploie, dans la littérature, entre l’homme qui propose et la femme qui dispose… le XXIe siècle ne connaissant visiblement plus que l’homme qui impose (« le porc ») et la femme qui s’oppose (celle qui « balance le porc »).
Ni porc ni galant, que reste-t-il à l’homme ? D’être indifférent à l’autre sexe, comme s’il n’existait pas. Et vice versa.
Détruire la galanterie, c’est aussi détruire une spécificité française, comme l’a si bien montré Claude Habib dans son livre Galanterie française, au moment précis où cette fine pointe de civilisation serait infiniment précieuse. On se souvient de l’empressement allemand, après les « événements » de Cologne, à imprimer, pour la gent masculine étrangère, des pictogrammes indiquant sommairement, comme un mode d’emploi de lave-vaisselle, les gestes à proscrire ou à privilégier avec les femmes. Il en va des relations entre les sexes comme du reste : comment faire adopter aux populations allochtones nos propres usages si nous nous employons à les dénigrer, les rabaisser, les éradiquer ?
Simone de Beauvoir, dont le féminisme très daté a des relents marxistes, compare, dans Le Deuxième Sexe, les femmes au prolétariat. Mais que diraient des prolétaires représentés par des syndicats non élus et ineptes, mettant leur énergie à détruire leurs quelques « acquis sociaux » ?
Il me plaît, à moi, que l’on me tienne la porte, que l’on me serve en premier, que l’on me cède sa place, que l’on s’inquiète de savoir si j’ai froid pour grelotter à ma place… et je ne suis pas la seule. Serait-ce trop demander aux féministes autoproclamées de CESSER, une bonne fois, de parler en notre nom ?