La municipalité veut dompter la mécanique sauvage
Par arrêté municipal, il est désormais interdit de se livrer à des réparations mécaniques sur la voie publique, sous peine d’amende. En cause : des atteintes à l’environnement.
Qui n’a jamais fait un pas de côté pour éviter une grosse flaque d’huile, dans telle ou telle rue d’Auch ? Aucun quartier n’est épargné par l’exercice du mécano du dimanche, la mécanique sauvage, qui consiste dans le meilleur des cas à faire sa vidange au grand air, sur une place de parking, mais qui parfois atteint les limites de l’usage commercial d’un garage privé…
Dans une rue du vieil Auch, Damien* s’accroche avec un moteur de Clio. La voiture est posée sur un pont artisanal qui en a vu d’autres. Sur les murs du petit garage, partout au sol, le matériel du parfait mécanicien auto. Sauf qu’on est là au rez-de-chaussée d’un immeuble d’habitation, et que la Clio n’appartient pas à Damien. «Oui, je fais un peu de black, mais seulement pour des connaissances, assure Damien. Et personne ne s’est plaint, que je sache.» Ce n’est pas l’avis de la mairie, dont les services ont constaté «ces derniers mois le développement d’activités de mécanique sauvage sur l’espace public». Des activités constatées un peu partout en ville, et qui peuvent tout à fait être légales par ailleurs, mais elles «créent des troubles à l’ordre public de différentes natures : sanitaire, sécurité, bruit, pollution.» La police municipale ou nationale pourra donc verbaliser les mécanos sur la voie publique, mais pas seulement. Ce sera interdit dans les espaces privés ouverts au public. «Il s’agit de tous les espaces communs des résidences d’habitation (espaces verts ou parking) qui sont ouverts sur le domaine public, explique l’adjointe Raymonde Bonaldo. Il n’est pas prévu en revanche de venir réglementer des activités qui se manifesteraient au sein d’un espace privé tel qu’une maison d’habitation ou un jardin privé.»
Pas de panique : l’arrêté ne sanctionne pas tout ce qui relève de la réparation d’urgence. Vous pourrez donc continuer de remplacer votre roue crevée, la batterie déchargée, ou l’ampoule du phare gauche sans risquer un PV.
* Le prénom a été changé.
Le chiffre : 38
euros >Contravention. Mais l’arrêté municipal permet d’aller jusqu’à 1 500 € (contravention de 5e classe)
Gare aux rejets polluants
Ce sont les polices nationales ou municipales à l’occasion de leur patrouille ou des interpellations dont elles seraient saisies par des riverains, au même titre que les autres infractions, qui sont désormais chargées de constater et le cas échéant de verbaliser les mécaniciens «sauvages». De même, ils seront chargés d’évaluer la teneur de l’amende : une flaque d’huile peut vous valoir un PV à 1 500 €, ou beaucoup moins, selon l’appréciation. On rappellera que les garages professionnels sont contraints, eux, à s’équiper de débourbeur déshuileur pour mise aux normes des rejets d’eau.