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La nuit, les taxis ont peur des chauffeurs clandestins

Certains chauffeurs clandestins vont même jusqu'à attendre les clients sur les emplacements réservés aux taxis, comme ici place Wilson./Photo DDM, illustration.
Certains chauffeurs clandestins vont même jusqu’à attendre les clients sur les emplacements réservés aux taxis, comme ici place Wilson./Photo DDM, illustration.

Les taxis toulousains dénoncent le climat d’insécurité et de concurrence déloyale qui règne la nuit. Une cinquantaine de véhicules clandestins tourneraient à la sortie des bars et boîtes de nuit.

La peur au ventre. Didier, taxi à Toulouse depuis 21 ans, ne reconnaît plus sa ville. «Aujourd’hui, il y a, chaque nuit, entre cinquante et cent véhicules clandestins qui tournent régulièrement», explique-le quinquagénaire. Comme le dénoncent depuis plusieurs mois les syndicats de taxis comme l’UNT31, «chaque fois qu’un taxi se permet de signaler verbalement à un de ces prétendus chauffeurs que ses pratiques ne sont pas conformes, il est immédiatement confronté à une attitude agressive, ce qui implique qu’au fil des nuits, la situation s’envenime.» Les plateformes de réservation de chauffeurs sur smartphone ont largement contribué au développement des Véhicules de transport avec chauffeur (VTC). «Mais la nuit, les chauffeurs ne sont détenteurs d’aucun des justificatifs obligatoires (licence de VTC, assurance obligatoire et autres), continue Didier. J’affirme également qu’il suffit aujourd’hui de posséder ou de louer une berline de classe moyenne, peu importe sa couleur, pour transporter à titre onéreux des particuliers la nuit sur Toulouse.» Une situation que dénonce également Stéphane Abeilhou, président régional de l’UNT. «L’intégralité de ces soi-disant VTC pratique le racolage, la maraude et le stationnement sur la voie publique dans l’illégalité la plus totale». «Aujourd’hui, continue Didier, le clandestin d’hier peu s’afficher en toute illégalité, sans craindre le moindre contrôle, sachant qu’il est face à une police municipale pas ou peu formée et à une police nationale en sous-effectif permanent, et qui de ce fait est obligée de traiter chaque cas par ordre de priorité d’urgence.»

À la préfecture de Haute-Garonne, des réunions régulières sont organisées avec les représentants des taxis. «Mais cela tourne au jeu de dupes», affirme Philippe Duran, vice-président de l’UNT. «Lors de la dernière réunion avec les taxis, explique Stéphane Daguin, secrétaire général de la préfecture, il leur a été confirmé que la préfecture continue de mobiliser les forces de police, notamment la nuit, pour vérifier que les différents types de transports de voyageurs respectaient bien la réglementation en termes de prise en charge des usagers, et qu’aucune concurrence déloyale n’était exercée à l’encontre des taxis.» «Ce ne sont que des mots, car de jour comme de nuit, les clandestins prolifèrent à Toulouse», réplique Philippe Duran. «Il est inadmissible que des véhicules sans identification fassent le pied de grue devant les boîtes de nuit, alerte Bruno Martinez, taxi également. Je l’ai constaté moi-même en tant que simple citoyen le week-end dernier. Ils ne sont pas formés, pas assurés, et mettent en danger la vie de leurs clients.»


Repères

VTC : «On subit les réactions violentes de certains taxis»

Les «vrais» VTC, en règle comme Yves Garrec, sont victimes de la mauvaise réputation des chauffeurs clandestins. «Le 13 décembre dernier, raconte cet ancien taxi, aujourd’hui représentant syndical Unsa des VTC, je stationnais devant la gare Matabiau en compagnie d’un autre VTC. Un chauffeur de taxi est venu nous interpeller et nous a dit : «Je suis taxi, qu’est ce que vous faites là ?» Je me suis présenté et à l’énoncé de mon nom il a rétorqué «Ah, c’est toi…» Quelques minutes plus tard, une dizaine de taxis sont venus et le ton est très vite monté. Mon ami a été molesté à travers la vitre ouverte et est sorti de la voiture pour se défendre. Un taxi lui a arraché le joint de la portière et une bosse a été faite à celle-ci. J’ai eu grand mal à faire redescendre la pression, un vigile de la gare étant même arrivé et réparti aussitôt en voyant la situation.» Une plainte a été déposée contre le taxi qui a agressé le VTC. «Toute agression verbale ou physique envers un VTC sera poursuivie en justice. Et si un VTC agresse un taxi, il faut qu’il en soit de même», ajoute Yves Garrec. Comment réconcilier taxis et VTC et apaiser ce climat de tension ? Christophe Vidal, président de Toulouse Nocturne, a mis les deux professions autour d’une table pour organiser les transports la nuit et assurer la présence de véhicules en nombre suffisant. «Dans l’intérêt des Toulousains, taxis et VTC doivent être capables de s’entendre».


Le chiffre : 50

véhicules clandestins >la nuit à Toulouse. Inscrits sur les plateformes de réservation sur smartphone, ces «faux» VTC attendent les clients des bars et boîtes de nuit. La relation avec les taxis est de plus en plus tendue.

 

Source:: La nuit, les taxis ont peur des chauffeurs clandestins

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