La perpétuité requise contre le frère du tueur au scooter : « Il a fabriqué Mohamed Merah »
Parce que « nous avons tant de vies à sauver », l’avocate générale a requis la prison à perpétuité lundi 20 octobre 2017 à l’encontre d’Abdelkader Merah, frère du tueur au scooter.
« Abdelkader a fabriqué Mohamed Merah » : la réclusion criminelle à perpétuité a été requise lundi 30 octobre 2017, contre Abdelkader Merah, qui comparaît devant la cour d’assises de Paris,pour « complicité » dans les assassinats perpétrés par son frère en mars 2012 à Toulouse et Montauban.
Prenant une dernière fois la parole en cette cinquième semaine d’un procès historique, l’avocate générale Naïma Rudloff a demandé à la cour d’assortir cette condamnation d’une peine de sûreté de 22 ans.
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Alors que le verdict est attendu jeudi, elle a aussi réclamé 20 ans de réclusion criminelle assortie d’une peine de sûreté des deux tiers à l’encontre du deuxième accusé, Fettah Malki, jugé pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».
« Nous avons tant de vies à sauver »
« Merah est porteur d’un projet de société (…). Sa cible est la démocratie (…). Son but, répandre l’islam par l’intimidation et la terreur, une idéologie totalitaire maquillée de religiosité », a affirmé la magistrate dans ses réquisitions. Puis elle a lancé, à l’adresse de la cour :
Le terrorisme a aujourd’hui un nouveau visage et c’est le rôle de la justice d’être capable de le démasquer. Votre décision sera une leçon de démocratie.
« Face à la menace terroriste, nous avons tant de vies à sauver », a-t-elle insisté, s’attachant, durant plus de trois heures, à démontrer dans le détail la culpabilité des deux accusés.
Ce qui est reproché aux deux accusés
Abdelkader Merah, 35 ans, est accusé d’avoir « sciemment » facilité « la préparation » des crimes de son frère, en l’aidant à dérober un scooter et à acheter un blouson utilisés lors des faits. Il est également accusé d’avoir participé « à un groupement criminel affilié à Al-Qaïdaprônant un islamisme jihadiste (…) en appliquant à lui-même et à son frère Mohamed les recommandations de cette organisation ».
La justice reproche à Fettah Malki, 34 ans, d’avoir fourni à Mohamed Merah un gilet pare-balles, un pistolet-mitrailleur et des munitions utilisés par le tueur.
Entre le 11 et le 19 mars 2012, Mohamed Merah a assassiné trois militaires, trois enfants et un enseignant juifs à Toulouse et Montauban, avant d’être abattu le 22 mars dans son appartement par le Raid, à l’issue d’un siège de 32 heures suivi par les médias du monde entier.
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L’avocate générale « m’a apaisée. J’entendais chaque mot, chaque souffle de cette femme et mon coeur battait. J’ai confiance », a réagi après le réquisitoire Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat tué par Mohamed Merah.
« Le sachant » et « l’exécutant »
« Entre les frères Merah et leurs victimes, il n’y avait rien de personnel. Elles ont été tuées parce qu’elles représentaient un symbole, celui de l’État français et celui de l’ennemi juif », a souligné la magistrate.
« Mohamed Merah a tiré à 29 reprises sur des cibles humaines sur trois scènes de crime. Je ne connais aucun homme, même aussi amoral, capable de faire cela sans une légitimation de ses actes », a-t-elle poursuivi.
Et ce n’est pas un émir du Waziristan (zones tribales du Pakistan où Mohamed Merah a été adoubé par un groupe affilié à Al-Qaïda, ndlr) qui a pu impulser cette légitimation. Autour de lui, il n’y avait qu’un seul homme capable de le faire : son frère », a-t-elle tranché.
Pour la représentante de l’accusation, Abdelkader Merah « a eu un rôle direct dans le choix des cibles » et « il a accompagné son frère jusqu’au bout ». « L’un était le sachant, l’autre l’exécutant ».
Elle a aussi mis en exergue les fichiers de cours de préparation au jihad retrouvés chez l’accusé, parlant de « documents opérationnels ».
Quant au vol du scooter, l’avocate générale a expliqué que les frères Merah avaient repéré l’engin, suivi son propriétaire et su profiter d’une opportunité lorsque ce dernier a laissé ses clefs sur le tableau de bord.
Sur Fettah Malki, décrit comme « sans loi, sans foi, sans morale », elle a estimé que le délinquant avait vendu l’arme et le gilet pare-balles à Merah en connaissant sa radicalisation, même s’il n’était pas au courant « de ses projets précis ».
Avec AFP