Le centre de santé du Courbat propose une « remise en condition physique et psychique » à des patients issus des métiers de la sécurité. Quarante-huit policiers se sont suicidés depuis début 2017.
LE MONDE | 07.12.2017 à 06h34 • Mis à jour le 07.12.2017 à 13h17 | Par Julia Pascual (Le Liège, Indre-et-Loire, envoyée spécia
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L’air est humide et le froid perce, en ce mois de novembre, dans le parc du château du Courbat. Une cinquantaine de personnes se sont regroupées pour l’appel du matin. C’est le rituel, dans cet établissement de santé, niché dans la quiétude du village de Le Liège, en Indre-et-Loire.
« José ?
– Présent.
– Philippe ?
– Présent.
– Didier ?
– Présent.
– Cathie ?
– Présente.
– Mickaël ?
– Présent… »
Créé par l’Association nationale d’action sociale des personnels de la police nationale et du ministère de l’intérieur (ANAS) en 1953, le lieu accueille en majorité des patients issus des métiers de la sécurité. Des policiers, des gendarmes, des militaires, des sapeurs-pompiers, des agents de la pénitentiaire, qui souffrent d’épuisement professionnel ou de conduites addictives. Ils s’engagent, sur plusieurs semaines, dans un parcours de « remise en condition physique et psychique ».
La question du malaise au sein des forces de l’ordre a resurgi dans le débat public alors que 48 policiers se sont suicidés depuis début 2017. Un chiffre en hausse par rapport à la moyenne de ces dix dernières années (43,2). Mardi 5 décembre, c’est un policier affecté au service de sécurité de la ministre du travail qui s’est suicidé, sur le parking d’une gendarmerie, alors qu’il était hors service. Dimanche 3 décembre, un policier s’est donné la mort au commissariat d’Alençon.
Davantage de temps au bureau que chez soiAu gré des échanges avec les patients du Courbat, les récits de vie se rejoignent parfois, autour d’une fêlure, d’une souffrance professionnelle ou familiale.
Olivier considère qu’il a eu une « belle carrière », un parcours de flic qui l’a amené sur les lieux des « émeutes de 2005 », à la tête d’une brigade anticriminalité en Seine-Saint-Denis et sur des affaires…