La police ne mégote pas avec les incivilités
La brigade des incivilités de la police municipale de Tarbes a commencé à verbaliser les gens peu scrupuleux de salir l’espace public. Depuis mai, elle a déjà donné 164 amendes.
Chers adeptes du jeter de mégot, de chewing-gum, de papier ou propriétaires qui ne ramassent pas les déjections de leurs animaux, sachez que commettre ces incivilités dans les rues de Tarbes est désormais passible d’une amende de 68 €. «On ne peut pas laisser passer, sinon ça veut dire qu’on est ‘’abandonnant »», affirme avec force Roger-Vincent Calatayud, adjoint à la sécurité publique de la mairie de Tarbes. Créée en mars dernier, la brigade des incivilités, rattachée à la police municipale, a d’abord fait de la prévention jusqu’en mai.
Depuis, elle sévit. «Nous avons eu 573 contacts pour 164 PV dressés, détaille l’avocat de formation. Certaines personnes ne se rendent pas compte que c’est une infraction de salir la rue.» Et pour cause ! Suite au décret du 25 mars 2015, l’article R633-6 du code pénal punit d’une amende de 3e classe «le fait de déposer, d’abandonner, de jeter ou de déverser, en lieu public ou privé (…), un objet de quelque nature qu’il soit, y compris en urinant sur la voie publique».
Pour ceux qui trouveraient la sanction démesurée, le «M. Sécurité» de Tarbes rappelle quelques ordres de grandeur. «La mairie débourse 250.000€ chaque année pour ramasser les chewing-gums collés par terre. Et un autre budget important pour récolter des quintaux de mégots. C’est lourd pour la collectivité et ce sont les plus respectueux qui payent pour les non respectueux.»
Face à ces importantes dépenses, celles engagées pour la création de la brigade des incivilités sont moindres. Une douzaine d’agents y sont incorporés et se promènent à tour de rôle en civil et en binôme dans la ville, six heures par jour, afin de traquer les incivilités. S’il se félicite de constater que «98 % des gens ne sont pas concernés» et qu’ils «sont désormais choqués quand quelqu’un salit l’espace public», Roger-Vincent Calatayud s’agace d’en être arrivé à ce «flicage».
«Ne pas dégrader le bien public, c’est de l’éducation basique. C’est un peu pénible d’en être encore là quand on parle d’Agenda 2021 et de développement durable. Avant de penser à la planète, il faut se préoccuper de notre petit territoire. Parce qu’en le dégradant, on se pollue nous-mêmes et on pollue nos proches.»
C’est pour montrer l’exemple que la mairie de Tarbes s’est lancé dans une politique globale en faveur de l’environnement avec des cycles d’éducation pour les enfants, des brochures éditées avec les écoles et l’interdiction d’utiliser certains produits chimiques pour l’entretien de ses espaces verts. Autant dire qu’elle n’est pas près de lâcher le morceau. «Enseigner, c’est répéter, martèle Roger-Vincent Calatayud. Dans un, deux, trois ou quatre ans, les mentalités auront changé si nous avons assez de discernement pour sanctionner tout en éduquant.»
Comme lorsque les agents distribuent des cendriers portatifs avec leurs amendes.