La Ville de Montpellier veut freiner la vente à la sauvette
Par Marie Ciavatti, France Bleu HéraultJeudi 16 mars 2017 à 17:10
La vente à la sauvette est désormais interdite, par arrêté municipal, dans trois secteurs de Montpellier : Gambetta, l’Écusson et la Mosson. Le développement de ce commerce de rue est tel qu’il asphyxie les magasins traditionnels et alimente les trafics ou recels d’objets volés.
La Ville de Montpellier avait promis de durcir le ton face aux vendeurs de rue qui se multiplient dans certains secteurs de Montpellier. C’est chose faite. La Ville publie un arrêté interdisant ces « ventes dites à la sauvette » à compter de ce mercredi 15 mars dans les quartiers de l’Écusson, de Gambetta et de la Mosson.
Des puces improvisées à même le trottoir
Depuis des mois, les commerçants et riverains du Cours Gambetta tentent d’alerter les autorités face à l’extension de ces marchés de rue, dénonçant une concurrence déloyale et le développement des trafics en tout genre.
Chaque jour, des légumes, des vêtements posés en vrac à même le sol ou sur un drap. Des téléphones portables, chaussures, sacs. Objets de récupération comme ceux que Julien déballe de son sac, « trouvés dans les poubelles. C’est fou tout ce que les gens jettent ». Il vend ça 1 euro, 1,50 euro. Mais aussi des objets volés, parfois dans les commerces à quelques mètres de là, notamment chez Tati.
« Une catastrophe pour les commerces du quartier »
Un voisinage qui commence à nuire sérieusement aux affaires des boutiques traditionnelles.« Une catastrophe pour les commerces du quartier » raconte Rachid, planté derrière la vitrine de sa boucherie sur le Cours Gambetta. « Ils font les poubelles, viennent et posent ça par terre. Il y a de tout. Et le buraliste.. le pauvre… En face de lui, ils vendent des cigarettes à 5 euros le paquet. Et quoi faire? Ils sont agressifs. Si vous venez le soir ici vous avez peur de marcher. » Il y a un peu plus de deux ans, le même buraliste a été poignardé en tentant d’éloigner les vendeurs de cigarettes de contrebande de sa devanture.
« Si vous venez le soir ici, vous n’osez plus marcher ».
Le jeu du chat et de la souris
Depuis, la mairie a renforcé par intermittence les passages de sa police municipale. Efficacité de courte durée. « Tous les jours j’appelle la police, dit Rachid. Ils viennent, font la patrouile. Eux (les vendeurs) ils partent et dès que la police s’en va, ils reviennent. Et rebelotte. Si ça continue comme ça, tout le monde va baisser le rideau« . D’après lui, son chiffre d’affaires a baissé de 30 à 40% en un an. Les clients désertent le magasin peu à peu « ils me disent qu’ils ne peuvent plus venir« .
« Il faut s’armer maintenant? On va faire comme dans le Bronx? »
Un peu plus loin, en face de Plan Cabanes, le Babottin, bistrot dont la terrasse est étonnamment calme. Les vendeurs se tiennent à distance, mais il faut faire « la police soit même » raconte le patron. Lui, qui vit dans le quartier depuis 35 ans, est excédé par cette cohabitation devenue intenable.
Il est même certain que ça finira par déraper. « On est passé dans un état de non droit. Nous on paie nos charges, nos impôts (…) et on voit des gens venir vendre des produits prohibés dans la rue. Les commerçants ont peur. Quand ils sortent la caisse, ils ont mal au ventre. On va où? Il faut s’armer maintenant? On va faire comme dans le Bronx? Nous, on veut la même loi pour tous. »
Ahmed Zaaf: « Ici il faut faire la police soi même. »
Un bureau de la police municipale sur le boulevard?
Une forte tête qui avoue sa lassitude. L’usure. Cet arrêté municipal, tous les commerçants interrogés ici en attendent beaucoup. Encore faut-il qu’il soit appliqué. « Il a le mérite d’exister, pour Patrice Baudon président de l’association des commerçants Via Gambetta. « Pour le mettre en application il faudrait sans doute un effectif (de police) plus important qu’aujourd’hui. Il faut une présence statique, un bureau de la (police) municipale. Ce petit bureau, il existait par le passé et à cette époque on n’avait moins de problèmes de vente à la sauvette« .
Patrice Baubon, président de l’association de commerçants Via Gambetta, patron de la quincaillerie Broussous et Calmels
Reportage Cours Gambetta. Marie Ciavatti
Cet arrêté, entré en vigueur ce mercredi 15 mars, court jusqu’au 31 décembre.
Source:: La Ville de Montpellier veut freiner la vente à la sauvette