Lagny. Des musulmans prient illégalement dans l’ancienne mosquée
Depuis samedi 25 novembre, les musulmans de Lagny n’ont plus de lieu de culte. Une dizaine d’entre eux ont pris la décision de prier dans l’ancienne mosquée pourtant fermée.
L’arrêté municipal affiché sur les portes de l’ancienne mosquée de Lagny-sur-Marne ne les a pas stoppés. Depuis samedi 25 novembre, quelques musulmans prient dans les préfabriqués installés sur un parking de la ville. Pourtant, il est formellement interdit de pénétrer dans ce lieu.
Les musulmans ont pris la décision de s’installer dans l’ancienne mosquée car la mairie a acquis un terrain sur lequel ils priaient depuis le mois de mai dernier. La municipalité leur a demandé de partir afin d’y créer un pôle solidarité regroupant les associations caritatives.
Les musulmans ont accepté de quitter les lieux avant lundi 27 novembre. Deux jours avant cette date, ils ont démonté leurs tentes et ont pris leurs affaires. Ils ont réinvesti l’ancienne mosquée sans accord samedi 25 novembre, dans l’après-midi.
Une dizaine de musulmans se rend à l’ancienne mosquée
Quelques minutes avant l’heure de la prière, ils sont moins d’une dizaine à se retrouver devant la mosquée. Certains apportent leur tapis de prière. A la vue de tous, ils discutent devant le bâtiment et repartent ensuite en voiture ou à pied en direction d’Orly Parc.
Le lieu n’est pas sécurisé. Aucune barrière n’empêche quiconque de s’en approcher. Le parking est grand ouvert notamment les jours de marché puisqu’il est utilisé par les commerçants.
Pendant une vingtaine de minutes, plusieurs fois par jour, ils s’installent ainsi dans ce lieu qui ne leur appartient plus depuis la dissolution de l’association AML. La mairie est propriétaire du terrain. Il s’agit donc d’une occupation illégale.
Le président de l’association des musulmans, ES Salam, n’a pas confirmé la tenue de prières dans les préfabriqués.
Il a expliqué que, depuis samedi 25 novembre, leur matériel est stocké dans l’ancienne mosquée « avec l’accord de la mairie. » Il a justifié ce choix car le lieu est « à l’abri et au sec ».
Un arrêté municipal
Par ailleurs, depuis lundi 27 novembre, la mairie a pris un arrêté municipal pour interdire l’accès à l’ancienne mosquée. Affiché sur les portes, il stipule : « la construction en préfabriqué est interdite d’accès jusqu’à son entière réhabilitation. »
L’arrêté indique également que la construction présente « un danger grave et imminent du fait de la dégradation et de la détérioration importante de sa structure menaçant de s’effondrer ainsi que de ses issues de secours inopérantes. »
« La structure est saine »
Le président de l’association des musulmans, lui, affirme que les préfabriqués ne présentent aucun danger. « La structure est saine. Des portes et des fenêtres ont été volées mais ce n’est rien. Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau. Il n’y a pas de risque d’électrocution ou d’inondations. »
Selon lui, cet arrêté permet simplement à la mairie de se protéger en cas d’intrusion.
Des procédures pourront être lancées
Jointe par La Marne, la municipalité de Lagny-sur-Marne a réagi à l’occupation illégale de l’ex lieu de culte : « Si on constate une présence, nous pouvons faire venir un huissier ou avec la police municipale. Des procédures pourront être lancées. »
La mairie ajoute : « Il faut qu’ils respectent les règles, cela permettra de prouver qu’ils sont des interlocuteurs fiables. «
Elle rappelle dans le même temps que « le bâtiment ne leur appartient pas. Il n’y a pas de convention signée avec eux. »
Une situation qui perdure
L’absence de lieu de culte à Lagny-sur-Marne est un problème qui dure depuis décembre 2015. Les musulmans de Lagny-sur-Marne n’ont plus de mosquée depuis la perquisition du lieu et sa fermeture administrative. Dans un premier temps, certains ont alors décidé de prier dans la rue sur la place Marcel-Rivière, dans le quartier d’Orly Parc. Puis, en mai dernier, lors du Ramadan, ils ont installé des tentes sur un terrain inoccupé, appartenant à l’Etat.
L’Etat refuse de rouvrir un lieu de culte argumentant que les membres du bureau de la nouvelle association des musulmans ne sont pas des interlocuteurs fiables.
Réouverture de la mosquée, l’Etat dit non
Nous venons pour nos anciens
Lors d’une réunion publique, jeudi 16 novembre, des musulmans ont questionné le maire de Lagny-sur-Marne sur l’absence de lieu de prière dans la commune. Ils se sont plaints de la manière dont ils doivent prier. « Nous avons des personnes âgées qui prient sous la pluie. Leurs tapis de prière sont mouillés. Ce ne sont pas de bonnes conditions », ont-ils lancé en direction du maire. « Nous venons pour nos anciens. Nous vous demandons un endroit sec. On veut retrouver une dignité. »
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