Laurent Obertone : « Immigration, on criminalise les inquiétudes de la population pour éviter tout débat »
Dans La France interdite, Laurent Obertone étudie la population issue de l’immigration en s’appuyant sur des études chiffrées, et dresse le constat d’une France dans trente ans, en proie au communautarisme.
Pour Boulevard Voltaire, il dénonce « le mythe du vivre ensemble » et les menaces qui pèsent sur le débat autour de l’immigration.
« Nous vivions côte à côté, j’ai peur qu’à l’avenir nous soyons face à face ». Ces mots ne viennent par du Front national ni de la France nauséabonde ni des lépreux.
C’était le discours de l’actuel ex-ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, devant Édouard Philippe.
Peut-on dire que c’est un coup de lucidité dans la figure ?
Le constat est lucide et va arriver de plus en plus, car les politiciens ne sont pas fous. Ils sentent un peu l’air du temps. Ils vont être capables de s’adapter à la situation, de donner un peu de mou dans la corde et de prononcer des discours qui feront plaisir, mais des discours de stratégie.
Les ministres de l’Intérieur savent très bien le faire. Sarkozy était le professionnel de la chose. Ces discours plaisent, mais n’ont malheureusement aucune chance d’être suivis par des actes.
Le ministère de l’Intérieur a très peu de pouvoir sur les leviers judiciaires qui comptent pour beaucoup dans l’insécurité en France et sur le communautarisme.
Si les Français se contentent encore une fois de ces discours, ils vont très vite se montrer impatients et déçus.
Gérard Collomb faisait clairement référence à la partie de la population issue de l’immigration. C’est cette population que vous étudiez dans votre livre à grand renfort de chiffres et de constats objectifs. On semble s’orienter irrémédiablement vers un grand remplacement de population.
En parlant de partition de population côte à côte et face à face, Collomb fait référence de manière claire à ces populations issues de l’immigration. On est obligé de constater un phénomène de partition communautaire. Nous avons pensé à assimiler et à intégrer. C’est très bien d’avoir des désirs, mais il faut regarder les faits en face. Je l’ai fait dans La France Interdite en chiffrant l’ampleur de cette immigration. C’est très compliqué à réaliser, car en France, on a très peur des chiffres et des statistiques. Il faut arrêter d’avoir peur du réel. Je préfère plutôt le regarder dans les yeux. Nous n’avons aucune chance de substituer ce manque de courage politique par de l’argent, des beaux discours et de belles croyances.
Si on veut se donner une chance de résoudre ces problèmes, il faut regarder les faits en face et agir. Pour cela, il faut commencer par arrêter de croire que le ‘’vivre ensemble’’ est la panacée universelle et un avenir indispensable et obligatoire. Il faut vraiment faire preuve de lucidité.
Les problèmes communautaires sont très sérieux. Compte tenu de l’importance de ces communautés et du degré de décalage culturel, je pense qu’il sera très difficile d’évoluer vers une situation plus pacifiée qu’aujourd’hui.
Hélas, nous sommes sur la mauvaise pente. Plus nous retardons l’affrontement intellectuel, c’est-à-dire ce choc avec le mur des faits et le débat, plus il sera difficile d’agir et de nous adapter à la situation.
Vous avez déclaré dans votre livre « l’universalisme n’existe pas, tout le monde est le xénophobe de quelqu’un ».
Je comprends que selon vous c’est davantage l’affrontement entre la population autochtone et la population allogène que l’immigration elle-même qui provoque ces violences.
Quelle que soit la communauté en cause, par notre nature humaine, nous sommes faits pour vivre en groupe. Nous avons survécu comme cela pendant des dizaines de milliers d’années. Notre plus grande terreur était d’être exclus de notre groupe, mal vus par lui, ostracisés ou désignés. C’est d’ailleurs pour cela que nous émettons en permanence des jugements moralement conformes à ce que notre groupe attend de nous. Le groupe est aujourd’hui un peu tenu par cette caste médiatique qui impose son opinion, celle à laquelle nous avons très peur de nous opposer sous peine d’excommunication, d’être désigné ou humilié. Tous les êtres humains fonctionnent comme cela. Les groupes se constituent, ils ont des références culturelles différentes, des codes à eux, un territoire et ils défendent leur identité. Ils entrent en confrontation. On ne peut pas faire une société à partir d’une quantité de groupes disparates, simplement en disant « le vivre ensemble, c’est formidable, ça va tous vous enrichir ». La réalité n’est pas celle-là. Les groupes ne se composent pas de cette manière-là.
Cette manière d’être et de nous comporter est une chose profondément ancrée en nous.
On commence à très bien les analyser. Les psychologues et les biologistes se penchent sur ces questions-là. Il faut bien plus que de la volonté, des prénoms ou des lois républicaines pour passer au-delà de tels facteurs.
Je pense que l’assimilation d’un petit nombre d’individus doit être possible à des doses extrêmement modérées. Mais le ‘’vivre ensemble’’ qu’on nous vend, avec ce multiculturalisme complètement délirant et un changement de population extrêmement rapide, a toutes les chances de très mal finir.
Depuis quelques semaines, Eric Zemmour fait le tour des plateaux télé, mais sa parole est de plus en plus contestée et des gens s’élèvent pour lui interdire de prendre la parole en public.
Charlotte d’Ornellas a essuyé une chronique assassine sur France Inter.
Le camp du bien a-t-il peur ?
Je pense qu’il y a une forme d’inquiétude. Ce camp sent très bien que l’air du temps ne joue pas du tout en sa faveur. On le voit un peu partout en Europe. Des verrous sautent et un mouvement d’opinion très réfractaire à leur thèse et à ce mythe du vivre ensemble se forme. Ils sentent que la situation leur échappe. Ils vont donc montrer encore plus les dents et essayer de faire des exemples. Ils imaginent qu’en fusillant comme cela les non-alignés qui dépassent, de manière impitoyable, ils vont dissuader les autres de les imiter. Si on fait d’Eric Zemmour le diable, peut-être que les gens oseront moins le suivre. Mais cela ne marche plus ainsi. C’est d’ailleurs peut-être l’inverse qui se produit aujourd’hui.
Quand vous êtes attaqués comme cela, vous inspirez la sympathie. Finalement les gens vont vous suivre et s’intéresser à vous. On note que les polémiques ne portent pas sur les écrits d’Eric Zemmour, mais sur des espèces de petits buzz qui visent vraiment à détruire la crédibilité de l’individu, et à tenter de l’humilier. Leur but est là, mais ils n’y parviennent pas, car il est talentueux et qu’il a l’habitude.
Tout cela permet d’intimider les foules, de criminaliser les inquiétudes de la population pour qu’elles ne les expriment pas, et d’ajourner le débat. Absolument tout repose sur ce chantage au racisme et à l’extrême droite. Cette menace qui pèse sur le débat est là uniquement pour empêcher le débat d’avoir lieu.
Nos amis progressistes savent très bien que face aux faits, ils auront beaucoup de mal à soutenir un échange rationnel. Ils sont dans la tyrannie de l’émotionnel et ils ne peuvent que survivre grâce à elle. Je constate que petit à petit, ils font de moins en moins peur. Cette tyrannie va s’effondrer. J’espère que cela viendra le plus tôt possible.
Dans le monde anglo-saxon, on a vu sortir ce très bel ouvrage de Douglas Murray.
L’Étrange suicide de l’Europe.
L’Europe n’est-elle pas finalement la principale responsable de sa propre chute ?
Oui. J’ai un discours très centré sur la responsabilité individuelle. Je me demande ce que je pourrais faire concrètement pour éviter cela et imposer mon opinion et ma souveraineté intellectuelle, morale et concrète.
Je me dis que les Français n’en font sans doute pas assez. Ils sont 75 % à s’opposer à cette immigration de masse. Pourtant, elle est là et a lieu. Il faut se regarder en face et se dire que c’est quand même notre problème. C’est bien joli de chercher les responsables et de dire que c’est la faute de tel ou tel, mais si on ne fait pas son autocritique et si on ne commence pas par se dire que l’on est confortablement installé en regardant la télévision, on n’avancera jamais.
Faire preuve de courage en assumant ses opinions permettra peut-être de briser cette espèce de carcan du politiquement correct et participer à un mouvement d’éveil.
Laurent Obertone
Journaliste