L’adage dit que les contraires s’assemblent. Cela a été le cas pour Jean-Michel Colson et Damien Gatine, qui comparaissent depuis jeudi pour « viol en réunion » et « torture ou barbarie ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner » de Séverine Gentil. Les témoins entendus à la barre et au cours de l’enquête décrivent tous Jean-Michel Colson, âgé aujourd’hui de 49 ans, comme un homme brutal, violent. Un « mâle dominant » qui « cherchait à imposer sa loi ».
« Il nous faisait peur »
Gaetan Galanti, le compagnon de Corine Arnoult, ex-petite amie de Colson, en sait quelque chose : « Il squattait tout le temps chez elle. J’en pouvais plus. Je voulais rester un peu tranquille avec Corine mais quand je disais à Jean-Michel de partir, il me mettait des claques. » « Diriez-vous qu’il faisait la loi chez vous ? », lui demande l’avocate générale. « Oui. Il disait qu’ici, c’était chez lui. » Gaetan Galanti avait aussi précisé aux policiers que Jean-Michel Colson « jouait au caïd à la ZUP de Sedan ». Le quadragénaire vendait du cannabis « et n’hésitait pas à envoyer des hommes de main mater ceux que ne payaient pas », précise le président de la cour d’assises. Une politique de la terreur.
Dans son quartier, dans le secteur de la rue de Turenne à Sedan, tout le monde semble faire profil bas devant Jean-Michel Colson et sa carrure imposante. « Jean-Michel, c’est un mauvais gars, raconte dans le dossier d’enquête un certain Djamel, un de ses anciens voisins. Il profite de tout le monde. Il nous faisait peur. » Dans son box, l’intéressé s’insurge : « C’est pas vrai ! C’est moi qui payais à manger. Je faisais des commandes de 300, 400 euros chez Maximo que je faisais livrer chez Séverine et ma femme, Stéphanie Laine. Séverine, elle était meg’ (maigre), meg’ ! Et moi je la faisais manger, manger, manger ! » La victime ne pesait pourtant que 38 kg pour 1,66 m au moment de son décès.
Damien Gatine semblait comme fasciné par Colson. Sa concubine, Katty Lamoureux, a lourdement insisté sur ce point jeudi devant la cour. À l’inverse de son coaccusé, le Sedanais de 28 ans est décrit comme un« gros nounours », un type gentil, un peu simplet. Mais surtout, c’est un être très influençable. Il explique qu’il ne voulait pas avoir de rapport sexuel avec Séverine Gentil. Mais devant l’insistance de Colson, il a cédé. Dans la même logique, Gatine a tenu une jambe de Séverine Gentil pour que Colson puisse lui enfoncer une cannette de bière dans l’anus. « Et à aucun moment, vous n’avez cherché à protéger la victime ? », s’étonne l’avocate générale. « Ah ça oui, je le regrette fortement. » Damien Gatine s’en veut aussi de ne pas avoir prévenu les secours après l’avoir ramenée à Sedan : « Je n’ai pas eu l’instinct… »
S’il devait y avoir un troisième accusé dans le box, ce serait l’alcoolisme. Le spectre de l’alcool est omniprésent dans ce dossier. Que ce soit les accusés ou la victime, les trois protagonistes avaient tous de gros problèmes avec la boisson. Les ex-compagnes de Jean-Michel Colson soulignent qu’il était particulièrement violent quand il avait bu. L’homme est décrit comme un gros consommateur de bières mais aussi de produits stupéfiants. Damien Gatine était lui aussi dépendant. Sa concubine, Katty Lamoureux, se battait d’ailleurs contre son alcoolisme : « Il avait arrêté pendant un an. Mais dès qu’il a rencontré Colson, il a replongé. » À la barre, Gatine raconte avoir bu une dizaine de cannettes de bière le soir des faits.
Quant à Séverine Gentil, la victime, l’alcool a détruit sa vie. Le commandant Yannick Jacquemin, de la brigade criminelle du SRPJ de Reims, a décrit, jeudi, sa vie comme une « lente descente aux enfers en raison de sa dépendance alcoolique ». Son addiction est confirmée par plusieurs témoins : « Je savais qu’elle avait un problème avec l’alcool, raconte Katty Lamoureux. Le matin, on la voyait aller à la petite supérette pour en faire provision. »