Le footballeur pro relâché sous caution
Extraits de leurs cellules où ils ont passé la nuit après 48 heures de garde à vue, les présumés auteurs de la séquestration d’Albefeuille-Lagarde commises le 22 août dernier (notre édition d’hier), ont comparu, hier, devant le tribunal correctionnel pour être jugés en comparution immédiate. Tee-shirt bleu et attelle au bras, Charfidin H., un Moissagais de 42 ans, et son comparse, Ali Y., un habitant du Mirail de 29 ans, tête rasée sur les côtés et houppette, réclamaient, comme on pouvait s’y attendre au vu des peines encourues à dix ans d’emprisonnement, le renvoi de leur procès. Un choix leur assurant à coup sûr un placement en détention provisoire en l’attente de leur jugement. «Je ne dissocierais pas le dossier», informait le président Redon en s’adressant au troisième homme de cette affaire, et à son avocate Me Diane Payrou qui espérait une libération sous contrôle judiciaire. Joint le soir des faits par les deux braqueurs qui avaient urgemment besoin d’un chauffeur après avoir percuté une borne incendie à 300 m du domicile de la victime, Christian M., n’était, en effet, poursuivi que pour recel.
Un footballeur pro dans le box
Ayant reçu pour ce service la coquette somme de 3 500 € sur les 15 000 € extorqués à la victime, ce sportif de haut niveau risquait gros s’il se retrouvait placé en détention. «Que faites-vous dans la vie?», le questionnait le président Redon. «Je suis footballeur pro dans un club belge», lâchait le prévenu. «Quels sont vos revenus?», insistait le juge. «15 000 euros par mois». Une somme qui laissait pantois les magistrats et la triplette d’avocats de la défense.
À ce stade des débats, le procès étant renvoyé au 10 octobre, il ne restait au tribunal qu’à se déterminer sur le maintien ou pas en détention du trio. Requérant à cette fin, la vice-procureur revenait sur la gravité des faits. «La victime (une femme) a été ligotée sur une chaise, et pour obtenir l’argent, ils lui ont maintenu la tête au sol», confirmait Véronique Benlafquih qui était relayée par le président au vu de l’état de santé de la victime équipée en permanence d’un appareil respiratoire. La magistrate réclamait ainsi le maintien en détention des braqueurs l’un ayant douze mentions à son casier. Elle se déclarait favorable au placement sous contrôle judiciaire du footballeur avec le versement d’une caution, celui-ci ayant un casier judiciaire vierge. Tour à tour, Mes Jean Matsitsila, Amarande Guyot et Diane Payrou tentaient de donner un profil plus favorable à leur client. «Il n’est pas à l’origine des faits, il travaille comme concierge dans une maison de retraite à Toulouse, et est formateur foot pour les jeunes de son quartier», plaidait Me Guyot pour la défense de Ali Y. Des points qui n’attendrissaient guère le tribunal qui confirmait son maintien en détention et celui du Moissagais. Quant au footballeur pro, il repartait libre sous contrôle judiciaire le contraignant à pointer une fois par semaine à la brigade de gendarmerie de Plaisance-du-Touch et le dépôt d’une caution de 5000 €. Une paille pour Christian H. qui repartait le sourire aux lèvres et sauvait in extremis son contrat pouvant avec cette mesure faire un aller-retour par semaine Toulouse – Bruxelles.