Le nouveau modèle d’armée pour la France ? EXTRAITS d’audition du général d’armée François LECOINTRE.
Une nouvelle ambition opérationnelle
Le modèle de notre armée sera structuré par les deux prochaines LPM.
Nous sommes en train de mettre la dernière main, je l’ai évoqué, aux conclusions de la revue stratégique qui permettra d’orienter le contenu de la loi de programmation militaire (LPM) en définissant une nouvelle ambition opérationnelle – je préfère en effet l’expression « ambition opérationnelle » à celle de « contrat opérationnel ».
Cette ambition sera définie par le président de la République à partir de propositions que nous lui présenterons. Elle comprendra un socle cohérent, fondé sur les engagements actuels et prévisibles à court et moyen terme, ainsi que sur des volets opérationnels plus innovants, indispensables si nous voulons peser dans le nouveau contexte stratégique. Je pense ainsi à la posture permanente de sûreté cyber ou à la posture permanente de renseignement stratégique.
Sur la base de cette ambition, nous déterminerons ensuite les formats des armées et les adaptations du modèle, qui devra rester complet et équilibré – et pas seulement un modèle cohérent –, c’est-à-dire à large spectre, à même de répondre à l’ensemble des menaces. Évidemment, ces formats capacitaires devront être en cohérence avec les trajectoires relatives aux ressources financières et aux effectifs.
Pour être crédible, cette ambition opérationnelle doit pouvoir être soutenable dans la durée, sans épuiser le capital humain et matériel. Il y a une vraie différence entre le volume de forces en action et le format des armées. C’est l’épaisseur organique des armées qui leur permet de durer, de s’entraîner et de se régénérer. La soutenabilité complète ne sera évidemment pas accessible immédiatement. Mais la trajectoire financière de la prochaine LPM, telle qu’elle se dessine, devrait permettre de l’atteindre progressivement, à l’horizon 2030.
Des armées sous-dotées et sur-engagées
Dans le premier temps de la prochaine LPM, nous ne pourrons pas faire l’économie d’une restauration de notre modèle déjà engagée en 2018. Un modèle usé par plusieurs années de sous-dotation et de sur-engagement (30 % au-delà de ce qui avait été envisagé par le Livre blanc). Cette phase, non exclusive de l’effort de modernisation, est absolument indispensable pour revenir à un fonctionnement plus équilibré et plus sain et envisager la préparation de l’avenir.
Dans un second temps, à partir de 2023, il faudra accroître l’effort de modernisation de nos armées. La courbe ébauchée par le projet de LPFP devra permettre d’atteindre l’objectif fixé par le président de la République de 50 milliards d’euros hors pensions et à périmètre constant, soit 2 % du produit intérieur brut.
Général d’armée François LECOINTRE
Chef d’état- major des Armées
(Extraits d’audition par la commission de la Défense nationale
le 4 octobre 2017)
Source de diffusion : www.asafrance.fr