Parce que l’humour est encore le meilleur escabeau pour prendre un peu de hauteur, une jeune femme dont les parents habitent le lotissement depuis 33 ans parle d’un « véritable arbre de Noël, certains jours ». Mais d’un arbre aux décorations pour le moins douteuses, sinon scabreuses : il n’y a là ni guirlandes qui clignotent, ni boules qui scintillent. Mais des préservatifs qui pendouillent et des papiers sur lesquels le vent souffle ses histoires glauques.
« Dans le local
à poubelles » aussi
L’allée des Grouettes, qui serpente à l’ouest de Saint-Jean-de-Braye sur quelques dizaines de mètres, entre la rue du Capitaine-Jean et l’avenue Charles-Péguy, près de Saint-Loup, est un endroit calme. Mais emplie du ronronnement des habitudes, la journée est trompeuse quand soirées et nuits se découvrent racoleuses. Pas bruyantes (« encore que l’été, les fenêtres ouvertes… », laisse entendre une autre riveraine), juste nauséabondes. Avec ses quatre places, le petit parking est devenu le lieu de travail improvisé de prostituées alentour. « Elles vont également dans le local à poubelles » du petit immeuble situé au bout de l’impasse, témoigne un couple. « Un matin, j’ai retrouvé du Sopalin et un préservatif dans notre poubelle… »
La prostitution ne se circonscrit donc plus au faubourg Bourgogne. « Est-ce que ce sont les caméras de vidéosurveillance qui dérangent ? » Les rondes de la police ? Cette Abraysienne se soucie moins de la réponse que de la propreté des lieux. « J’ai appelé je ne sais combien de fois la police nationale. Mais on me répond ne rien pouvoir faire, et on me renvoie vers les services techniques de la ville… » Qui, évidemment, ne peuvent nettoyer au quotidien. « Mais des enfants passent à pied », peste sa fille.
« Au courant de ce qu’il se passe », la Ville affirme « réaliser des actions préventives, notamment avec l’association du Nid, afin de venir en aide aux personnes présentes sur le secteur. Il y a des actions menées par la police municipale et nationale afin de gêner les clients. » De toute évidence, elles ne suffisent pas…
Pascal Bourgeais