La troisième audience du procès Cumhuriyet, qui s’est tenue lundi 25 septembre dans une salle bondée et surchauffée du palais de justice de Caglayan, à Istanbul, a révélé au grand jour l’absurdité des charges retenues contre les 17 journalistes et employés du quotidien d’opposition turc.
Les témoins de l’accusation qui se sont succédé à la barre n’ont pas réussi à rendre la procédure plus crédible. « Cette audience était surréaliste », assure Steven Ellis, lequel, venu en observateur pour l’Institut international de la presse (IPI), est parvenu à se faufiler dans la salle exiguë.
Seul point positif, Kadri Gursel, l’éditorialiste vedette de Cumhuriyet, a été libéré sur décision du juge Abdurrahman Orkun Dag après onze mois passés en détention. Sorti de prison dans la nuit de lundi 25 à mardi 26 septembre, il a déclaré : « Gardons-nous de nous réjouir trop vite. Les collègues injustement accusés sont toujours derrière les barreaux ». Quatre accusés (Ahmet Sik, Akin Atalay, Murat Sabuncu, Emre Iper) ont été maintenus en détention.
Manque de sérieuxLes 17 journalistes et employés du plus vieux journal de Turquie, fondé par Mustafa Kemal, dit « Atatürk », en 1924, comparaîtront à nouveau le 31 octobre. Accusés de collusion avec des « organisations terroristes », la secte religieuse de Fethullah Gülen et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ils risquent jusqu’à quarante-trois ans de prison.
L’audience du 25 septembre a démontré le manque de sérieux des accusations. La déposition de Riza Zelyut, un éditorialiste du quotidien Aydinlik (ultranationaliste et pro-russe) était à cet égard exemplaire.
Convaincu que Cumhuriyet était le meilleur promoteur du mouvement religieux de Fethullah Gülen, le cerveau du putsch raté de juillet 2016 selon les autorités turques, ce témoin s’est plaint de sa nouvelle ligne éditoriale :
« Certains journalistes se sont éloignés du…