Le procès du chauffard qui a tué un policier en Aveyron s’ouvre aujourd’hui
Aujourd’hui comparaît devant la cour d’assises le meurtrier du policier Benoît Vautrin, accusé de l’avoir percuté en voiture lors d’un contrôle de police. Verdict vendredi.
C’était le 10 avril 2015, dans l’après-midi, avenue du Lycée, à Aubin. Un banal contrôle routier vire au drame. Alors qu’au volant de son Audi A3, Jérémy Munoz, 27 ans, originaire de Viviez, est flashé pour excès de vitesse, il refuse de se soumettre aux injonctions des fonctionnaires du commissariat de Decazeville et fait demi-tour. C’est alors que surgit le sous-brigadier Benoît Vautrin qui se positionne en travers de la chaussée pour lui intimer l’ordre de s’arrêter.
Mort sur le coup
Jérémy Munoz ne freine pas (aucunes traces ne seront relevées) et percute de plein fouet le policier. Il s’arrêtera quelques dizaines de mètres plus loin et se rendra sans résistance aux forces de l’ordre. Mais Benoît Vautrin est décédé sur le coup. Il avait 37 ans, il était marié et papa d’une petite fille qui n’avait même pas un an.
Aussitôt placé en garde à vue, Jérémy Munoz est présenté au pôle criminel de Montpellier et mis en examen trois jours plus tard pour meurtre. Il a été placé depuis en détention provisoire à la maison d’arrêt de Druelle d’où il sera extrait aujourd’hui pour son procès.
Les obsèques de la victime, Benoît Vautrin, se dérouleront à Lempaut, dans le Tarn, d’où sa famille est originaire, en présence du ministre de l’Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve, qui décorera le policier à titre posthume de la Légion d’honneur et l’élèvera au grade de lieutenant. Le jour de son enterrement, le ministre parlera de «la bêtise criminelle d’un chauffard conduisant en excès de vitesse sous l’emprise de produits stupéfiants». En effet, après analyse, il sera démontré que l’accusé était «en état d’ivresse cannabique». Il était également bien connu des tribunaux et avait écopé de nombreuses condamnations pour consommation de produits stupéfiants, vols, enregistrements vidéo pornographiques de mineurs et… délits routiers. C’est donc une personnalité «hermétique à toute forme de frustration», qui sera dans le box des accusés ce mardi.
Sérénité et dignité
Bernard Cazeneuve avait également déclaré qu’il souhaitait que «la justice puisse passer dans des conditions rapides». Trois ans après les faits, au lendemain de l’assassinat du gendarme Arnaud Beltrame, après de tragiques incidents qui prennent régulièrement les forces de l’ordre pour cible, Jérémy Munoz sera donc présenté devant ses juges dans un contexte sociomédiatique qui ne lui sera pas favorable. Et la juridiction de Rodez n’a pas la réputation d’être tendre.
Les parents et la veuve de la victime seront dans la salle, représentés par Laurent Boguet, avocat du barreau de Toulouse. «Ils attendent des réponses claires de l’accusé car ses versions ont changé mais sa prise de conscience semble évoluer. Ils attendent de connaître les arguments qu’il avancera, lui qui a bénéficié d’un soutien dans les réseaux sociaux alors qu’il a fracassé l’existence d’une famille entière», confie ce dernier. De son côté, l’avocat de l’accusé, élian Gaudy, n’avait, jusqu’à hier, pas répondu à nos sollicitations.
Laurent Boguet espère une sérénité et une dignité des débats pour la famille de la victime.