Le retour des îlotiers ?

La parole du gouvernement est suffisamment rare pour qu’on prête l’oreille au ministre de l’Intérieur. Gérard Collomb, au détour d’une interview au Figaro , a annoncé le retour de la police de proximité dès la fin de l’année. C’est bien de cela qu’il s’agit, même s’il a repris l’intitulé « police de sécurité au quotidien », une promesse du candidat Macron. S’il n’a pas détaillé les missions de ces îlotiers version 2017, l’ancien maire de Lyon sait que ce projet correspond à une attente des Français. Du moins de ceux qui vivent dans des quartiers sensibles où les délinquants tiennent le haut du pavé. Et où une majorité des habitants, victimes d’incivilités en tous genres, se sentent les grands oubliés de la société française. On sait, contrairement à la gauche, les dirigeants de droite plus circonspects.

Le ministre n’a cependant rien dit, ni du nombre de ces policiers qui iraient au contact de la population et surtout des jeunes, ni même de leurs missions. Au moment où le ministre des Comptes publics a annoncé une baisse de 526 millions des moyens de l’Intérieur, on ignore si le patron de la place Beauvau pourra procéder autrement qu’en redéployant les effectifs actuels. Ce que craignent évidemment les syndicats. Car engagés sur tous les fronts, les policiers se plaignent d’un surcroît de travail, et surtout de tâches administratives pesantes. Il y a là sans doute une piste, et le ministre a promis d’augmenter le personnel administratif – qu’il faudra payer – mais elle ne sera pas suffisante.

Avant toute décision, il semble urgent de clarifier le rôle, à la fois de la police nationale, et de la police municipale. Si dans certaines grandes villes, les relations entre les différentes hiérarchies sont bonnes et les échanges d’information fluides, cela n’est pas le cas partout. Faudrait-il une seule police de terrain, avec des équipages mixtes, dans les villes et sur le territoire des métropoles, là où celles-ci existent ? Par qui sera-t-elle dirigée ? Comment établir le délicat équilibre entre prévention et sécurité ? Autant de questions qui méritent d’être traitées pour ne pas risquer des blocages chez les policiers et des désillusions dans les quartiers.