Une « star » ? Elle n’aimerait pas le terme car elle préfère rester dans l’ombre. Populaire alors ? Assurément. À la sortie de l’école Ory, Gloria est un visage amical et familier pour tous les parents et les enfants. C’est aussi un petit bout de femme qui fait preuve de fermeté et d’autorité quand il le faut. À 55 ans, dans sa chasuble jaune fluo et le bâton de circulation en main, cette maman de deux grands enfants veille à la traversée en sécurité des écoliers à chaque entrée et sortie des classes.
Gloria compte parmi les « 22 agents point école » qui remplissent cette mission. Ils sont en recherche d’emploi, étudiants ou simplement en quête d’un temps partiel. Ils habitent le quartier et ils reçoivent une formation par la police municipale. Il est vrai qu’il faut jongler avec des automobilistes irascibles ou trop pressé. Gloria se souvient avoir été contournée à ras par un de ces inconscients.
Un rôle de veille, de médiation
Si ces anges gardiens n’ont pas le pouvoir de la police, ils peuvent alerter les municipaux sur le champ en cas d’urgence. Gloria en sait quelque chose. Il y a deux ans, des coups de feu ont éclaté dans un café voisin lors d’une rixe. Elle a demandé la mise en sécurité immédiate des enfants dans l’école, détourné la circulation, alerté les autorités. C’est elle encore qui a sonné l’alarme lors de la dernière rentrée avec la présence d’une valise suspecte. « Il ne faut jamais paniquer ! »,
D’ailleurs, le rôle de ces agents point école est encore plus crucial dans un contexte terroriste. « Leur mission première est d’assurer la traversée. Mais leur rôle de veille s’est accru. Ils ont été sensibilisés. Ils sont par exemple vigilants sur la présence suspecte de voitures (même si nous avons sécurisé physiquement les abords des écoles) », dit Mostafa Fourar, adjoint au maire.
« Pas chez les Bisounours »
Mais ces agents, insérés dans leur quartier, sont aussi des médiateurs, des générateurs de lien social. Gloria, qui mène cette activité depuis 18 ans, est même aujourd’hui assermentée, renforce ponctuellement les équipes d’ASVP.
« Ma plus belle récompense quand je suis devant une école, ce sont les sourires ! J’adore les enfants, C’est pour cela que j’avais postulé au départ. Je les connais pratiquement tous. Et croyez-moi, je les aime vraiment. Ce sont un peu les miens ! ». Ce qui la rend d’autant plus attentive. Pas question avec elle de s’asseoir dangereusement sur les barrières en bord de trottoir. Et elle le dit aussi : « Je sais qu’on ne vit pas dans un monde de Bisounours. Alors elle ouvre l’œil. Et bien des parents lui doivent un coup de chapeau. Comme d’avoir récupéré leur gamin en retard qui, n’osant pas sonner à l’école, partait errer dans la rue !