Les commerçants de Gagarine, victimes collatérales de rivalités entre quartiers
Pris en tenaille entre deux cités rivales, le centre commercial du quartier Gagarine a réclamé aux élus une réunion extraordinaire pour parler sécurité.
A part le barbecue improvisé par un petit groupe d’amis à l’entrée du centre commercial, au pied de la cité Gagarine, tout semble normal en ce milieu d’après-midi à Romainville.
Pourtant les commerçants sont au bord de la crise de nerfs, épuisés par un climat très tendu depuis plusieurs mois. Ils restent retranchés dans leurs boutiques, et laissent au maire le soin de s’exprimer à leur place « par peur des représailles ».
Située en lisière de deux villes, Romainville et Les Lilas et cernée par deux cités rivales, Gagarine (Romainville) et les Sentes (Les Lilas), la galerie marchande est au cœur de violences quotidiennes. « Les commerçants sont l’objet d’intimidations de la part de jeunes du quartier. Certains ont déjà dû fermer leur boutique avant l’heure de fermeture », signale Corinne Valls, maire (DVG) de Romainville. Elle évoque les bagarres à coup de manche de pioche entre jeunes, des caillassages de vitrines. Dernièrement la coiffeuse a été agressée car elle avait élevé la voix contre le petit groupe d’adolescents qui guette le passage de la police municipale (PM) pour mieux lui envoyer des projectiles.
« Quand la PM de Romainville arrive, ils crient « ça pue, ça pue » et s’enfuient vers Les Lilas car ils savent qu’elle ne peut plus intervenir », explique un riverain. C’est sur l’insistance des commerçants que Corinne Valls, maire de Romainville et son homologue (PS) des Lilas, Daniel Guiraud, vont convoquer ce jeudi « une réunion de crise » en préfecture avec le commissaire des Lilas. Ebranlé par la recrudescence des violences en l’espace de trois jours, le maire des Lilas, réclame d’ores et déjà une hausse significative des effectifs de police, déplorant « une situation devenue insupportable. On paye la politique de l’autruche sur le trafic de drogue ». Les élus évoquent aussi des rivalités aussi obscures que tenaces entre les deux quartiers. Ce week-end, des renforts de police ont patrouillé dans le secteur pour éviter de nouveaux débordements.
Le maire garde aussi en mémoire le décès tragique de Richard, un jeune des Lilas, tué en octobre dernier d’un coup de couteau alors qu’il s’interposait dans une rixe. « Cela a laissé un profond traumatisme pour tout le monde », confie Daniel Guiraud.
« C’est une personne qui n’avait rien à voir avec cette histoire. Il a vu que ça commençait à chauffer et il a pris les devants pour éviter que le sang ne coule… », précise ce responsable associatif de Romainville qui s’est rendu à son chevet. La victime, qui travaillait jusqu’à récemment dans la restauration, n’était d’ailleurs connue de la police que pour des faits mineurs. « Mais pas pour trafic de stupéfiants », précise une source proche du dossier. Les enquêteurs de la sûreté départementale n’ont pas pu encore entendre la victime. Ils n’ont pas interpellé le tireur. Les circonstances et les motifs de la bagarre sont encore mystérieux.
Il est aussi pour l’instant impossible d’établir un lien entre les violences commises jeudi dernier et celles survenues deux jours avant. Mardi 25 avril, un jeune de Gagarine avait été passé à tabac dans la cité. Là aussi personne n’a été interpellé. A ce stade de l’enquête, personne n’est en mesure d’indiquer s’il s’agit d’un règlement de comptes sur fond de trafic de drogue ou d’un énième épisode de rivalité légendaire entre les deux cités des Lilas et de Romainville.
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